Un congrès vermillon pour un PCF rajeuni

samedi 9 février 2013

Et le PCF tomba son habit d’austérité et de déprime… Tout ragaillardi par sa nouvelle embellie et regonflé pat ses 7 000 nouveaux adhérents, le parti communiste est méconnaissable. On ne s’attendait plus à ce retour de fortune de cette institution qui n’en finissait plus de vieillir, retranchée dans son fief de la place du Colonel Fabien. 7 000 nouveaux adhérents en 2012, c’est deux fois plus que les années précédentes avec en bonus, un groupe charnière au Sénat. En bref,  le PCF a « enterré son enterrement » médiatique en novembre. Et le revoilà prêt pour son 36e congrès qui s’est ouvert sous des spots rouges comme il se doit et balancé par une musique électro qui pousse vers l’avenir.  Une ambiance qui devrait durer à Saint Denis jusque dimanche.

Devant un parterre de 778 délégués, Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF a ouvert festivités  et réflexions en formulant le vœu que « ce congrès soit un signal d'espoir qui fasse taire l'obsédante petite musique du renoncement qu'on entend trop souvent à gauche même ».  Son entrée sur scène est marquée par les applaudissements enthousiastes de l’auditoire.  Il poursuit : « Durant ces quatre jours, concentrez-vous sur nos ambitions, ne vous laissez pas détourner par les querelles politiciennes sans intérêt et sans avenir », a d'emblée averti le secrétaire national.

Plutôt une diversité des gauches, qu’une seule gauche

Et de ces « « querelles politiciennes », le PCF n’en manque pas. Petit florilège… Dans les tous premiers rangs, on trouve, le PS qui harcelle les communistes pour qu’ils clarifient leur position face à Jean-Luc Mélenchon au demeurant, partenaire du PCF mais « dans l’opposition systématique » au gouvernement. Harcèlement d’autant plus convaincu que les municipales de 2014 approchent à grands pas. Mais le PCF n’est pas prêt à céder aux sirènes de l’alignement à tous prix car son ancrage dans les communes est pour le parti un leitmotiv et une grande fierté. Et il n’entend pas y renoncer.

C’est vrai que ce travail de proximité sur le terrain a toujours porté des fruits conséquents même en période de disette électorale avec 28 maires de ville de plus de 30 000 habitants, 50 maires de ville de 10 000 à 30 000 habitants, 761 maires communistes et apparentés et plus de 8 000 conseillers municipaux. D’ailleurs, Pierre Laurent le réaffirme sans sourciller : « A nos partenaires de gauche dans les communes, je dis : personne à gauche ne pourra rassembler en exigeant l'alignement sur ses seules positions ». Petit message subliminal à l’endroit de délégation du PS qui sera présente vendredi, sans son secrétaire national Harlem Désir.

Pourquoi choisir ?

Puis s’adressant au Front de Gauche, le discours du premier secrétaire est plus rassembleur : « A mes amis du Front de gauche, je dis : prenons ensemble la mesure de l'enjeu crucial de ces élections pour la vie des populations auxquelles nous consacrons toutes nos énergies militantes, et travaillons ensemble ». Autre message subliminal pour Jean-Luc Mélenchon et le Parti de gauche tenté par des listes autonomes.

Car le flirt du PCF avec le Front de gauche fait encore grincer quelques dents au PCF à l’instar d’André Gerin, ancien député-maire de Vénissieux (Rhône) demandait fin janvier dans un communiqué « que l'on nous dise si le Front de gauche va remplacer ou concurrencer le Parti communiste français comme force politique nationale ». A l’inverse, d’autres pensent que sans le Front de Gauche, le PCF pourrait disparaitre. Et la réponse sémillante de Pierre Laurent n’empêchera pas d’autres mâchoires de se bloquer à force de grincer : « Il paraît que nous devrions choisir. Mais pourquoi choisir ? Ceux qui espèrent nous ramener dans le giron de l'austérité mènent un combat perdu d'avance. Et ceux qui espèrent nous entraîner dans une politique de division des forces du changement (...), aussi ».

Véronique Pierron

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