Le rapport de Bercy, dont le journal Les Echos s’est procuré une copie, dénonce les rentes et monopoles dont certains métiers bénéficient. Dans le viseur, un éventail de pas moins de 37 professions réglementées : vétérinaires, huissiers, taxis, pharmaciens, auto-écoles.
En 10 ans, les bénéfices de ces professionnels ont grimpé de 46% au détriment des clients. « Le chiffre d’affaires cumulé de ces professions représentait 235 milliards d’euros en 2010, 42 milliards d’euros de bénéfice et plus d’1 million de salariés », selon l’article publié par Les Echos.
Le texte, commandé à l’automne 2012 par Pierre Moscovici, alors ministre de l’Économie et des Finances, s’interroge sur le niveau élevé des revenus perçus par ces professions, qui n’a aucun lien avec un niveau élevé d’études ou une prise de risques économique particulière.
Par exemple, un greffier de tribunal de commerce gagne mieux sa vie (plus de 10 000 euros par mois en moyenne) qu’un pharmacien biologiste, qui, pourtant, a un niveau d’études supérieur. Sur 100 euros versés par le consommateur, un greffier de tribunal de commerce réalise en moyenne un bénéfice net de 44 euros, selon Les Echos qui parle de situation de rente et de monopole.
Bercy voit rouge et souhaite donc des réformes ciblées sur certaines professions pour faire baisser les prix de 20% : fin de monopole et modification de la fixation des tarifs sont évoqués. On parle de rémunérer les notaires au forfait plutôt qu’au pourcentage d’une vente.
Arnaud Montebourg, le ministre de l’Économie, est monté au créneau contre ces privilèges, assurant pouvoir redonner 6 milliards d’euros de pouvoir d’achat aux ménages en réformant certaines professions.
« De nombreuses professions sont en situation de monopole et captent par leur position des revenus à la population pour des services payés trop chers », a-t-il expliqué lors de son discours sur sa feuille de route pour le redressement économique de la France le 10 juillet.
Depuis 50 ans et après deux rapports sur le sujet - Rueff-Armand en 1961 et Jacques Attali en 2008- rien ne semble avoir bougé. Tout reste donc à faire.
Fanny Dassié
Pour en savoir plus :
Professions réglementées : le rapport choc de Bercy (par Marie Bellan, Les Echos)
Les cinq phrases clés du discours d'Arnaud Montebourg sur la croissance (par Laurent Martinet, L’Expansion)