Un rapport dénonce l’échec de 30 ans de politique d’intégration

mardi 12 février 2013

« Je souhaite rendre à la politique d’intégration un fondement, une cohérence, une unité et un élan, essentiels à l’apaisement des tensions, à la réparation des injustices et à la cohésion de notre nation. » Il y a quelques mois, Jean-Marc Ayrault commandait au conseiller d’État Thierry Tuot, spécialiste des questions d’intégration et d’immigration, un rapport sur la politique française d’intégration. La copie a été rendue lundi au Premier ministre. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le constat est sévère : les politiques d’intégration menées depuis 30 ans dans l’Hexagone sont tout simplement un échec. Thierry Tuot s’était déjà fait remarquer en 2000 avec son livre « Les indésirables » alors écrit sous le pseudonyme de Jean Faber, dans lequel il dénonçait les manques de cette politique.

« Parce que si l’intégration n’a, heureusement, pas cessé, la politique, qui la favorise, a, elle, quasiment disparu. Pour être honnête, la politique de lutte pour l’intégration des immigrés a toujours été un désir ou un regret pour ceux qui l’appellent de leurs vœux, plutôt qu’une réalité. » Dès les premières phrases du rapport « La grande nation pour une société inclusive », le ton est donné. Allant même jusqu’à estimer que quelque soit le parti, les responsables ont « oublié jusqu’au mot même d’intégration ». Et d’ajouter que « l’État a détruit une partie des outils de sa politique : les crédits, les établissements, et, plus grave, les personnels compétentes et les associations les plus actives. » Tout au long de ce rapport, il entend, avec un « lyrisme » assumé, « dissiper les fantasmes » pour aller vers une refondation des politiques, basée sur « une approche apaisée et confiante de la présence étrangère en France ». Et Thierry Tuot ne manque pas de souligner que l’État doit poursuivre son « rôle majeur d’impulsion », mais son action doit être « fondamentalement humaniste ».

Mais si Thierry Tuot critique, il propose également. Et ses idées sont simples et peu coûteuses. Comme publier les chiffres de flux migratoires, donner la nationalité « aux étrangers ayant suivi une scolarité complète » ainsi qu’aux « ascendants de Français séjournant en France depuis vingt ans ou plus », terminer enfin de rénover les foyers de travailleurs migrants ou encore permettre l’implantation de carrés musulmans dans les cimetières. « Car, en ce qui concerne les immigrés et l’intégration, on l’a compris, la République nous appelle… », conclut Thierry Tuot.

Dans la foulée de la remise de ce rapport, le Premier ministre a annoncé une « réflexion interministérielle visant à proposer une profonde refondation de notre politique d’intégration ». Elle s’appuiera notamment « sur une concertation avec les collectivités locales, associations et acteurs économiques ».

Caroline Moisson

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