On le savait déjà : Jacques Chirac a beaucoup plus d’atomes crochus avec François Hollande qu’il n’en a jamais eu avec Nicolas Sarkozy. Des liens d’estime mais aussi une certaine façon de considérer la société et en l’occurrence l’histoire. Et lors de son allocution pour la commémoration des évènements du Vél d’hiv le 22 juillet, François Hollande a résolument mis ses pas de président dans ceux de son prédécesseur en lui rendant un hommage appuyé pour avoir été le premier, le 16 juillet 1995, à reconnaitre la responsabilité de la France dans la rafle du Vél d’hiv en juillet 1942. Les deux hommes s’étaient d’ailleurs vus la veille dans la demeure corrézienne de Jacques Chirac où ils avaient évoqué cet épisode douloureux.
Le lendemain le président Hollande s’est amendé à son tour en reconnaissant que le crime commis à l'encontre des Juifs lors de la grande rafle du Vél d'hiv l'avait été « par la France ». « Nous devons aux martyrs juifs du Vélodrome d'Hiver la vérité sur ce qui s'est passé il y a 70 ans » et « la vérité, c'est que ce crime fut commis en France, par la France », a martelé le chef de l'Etat. Avant de condamner : « La vérité est dure, cruelle » mais « la vérité, c'est que la police française, sur la base des listes qu'elle avait elle-même établies, s'est chargée d'arrêter des milliers d'innocents ». Non sans un certain lyrisme, il rappelle alors qu'ils ont été escortés « par la gendarmerie française jusqu'au camp d'internement ». Puis martelant à nouveau son anaphore : « La vérité, c'est que pas un soldat allemand, pas un seul, ne fut mobilisé pour l'ensemble de l'opération ». Puis reprenant son souffle, il promet que la République pourchasserait l'antisémitisme sous toutes ses formes.
Véronique Pierron