Elections européennes : large victoire du FN en France

lundi 26 mai 2014
AP

Marine Le Pen l'avait promis et elle l'a fait. Le parti frontiste créé par son père en 1972 et devenu dimanche 25 mai le premier parti de France après avoir enregistré un score historique aux huitièmes élections européennes. Avec près de 25% des voix, le Front national s'est hissé à la première place, évinçant sur son passage le Parti socialiste qui se retrouve troisième avec seulement 14% des voix. L'abstention était de plus de 56%.

Les élus frontistes sont arrivés en tête dans 71 départements français sur 101 et devrait obtenir 24 sièges à Strasbourg. Un eurodéputé français sur trois sera frontiste, alors qu'ils n'étaient que trois en 2009 (Jean-Marie et Marine Le Pen et Bruno Gollnisch). Le FN a quadruplé son score (de 6,34% en 2009 à 24%) et a augmenté par huit le nombre de ses députés se revendiquant « Premier parti de France ». Depuis le siège du parti, Marie Le Pen a demandé la dissolution de l'Assemblée nationale, la démission du Premier ministre, la tenue de « nouvelles élections nationales » et à la création d'« une coalition de tous ceux qui ne croient plus en la France ».

Défaite cinglante pour la majorité

Après un soir de victoire frontiste, un lendemain socialiste qui déchante. Le Parti socialiste arrive en troisième position derrière le Front national et l'UMP passant sous la barre des 15%. Le Premier ministre Manuel Valls a parlé de « choc », de « séisme qui s'adresse à tous les responsables politiques qui ont la charge d'agir » ; tandis que Laurent Fabius a reconnu qu'il y avait eu « un gagnant et beaucoup de perdants ». Face à cette débâcle électorale, le président François Hollande a convoqué dès lundi matin une réunion de crise à l'Elysée en présence de plusieurs poids lourds du gouvernement Valls. L'opposition a de son côté appelé à la tenue de nouvelles élections et plusieurs ont réclamé la dissolution de l'Assemblée nationale.

L'ancien premier ministre François Fillon a lui reconnu « l'échec de son parti » qui a obtenu environ 20% des suffrages exprimés. Les récentes révélations sur l'affaire Bygmalion et les fausses conventions facturées à des sommes exorbitantes ont eu raison de la « crédibilité » du parti, comme l'a reconnu François Fillon. L'UMP est atteinte « dans sa crédibilité », son « honneur est en cause », appelant à « un changement profond ». Un bureau politique devrait se tenir mardi matin.

Enfin, le centre obtient 10% des suffrages tandis que les Verts en cinquième position n'ont recueilli que 9% des votes contre plus de 16% en 2009.

Contre l'Europe et ses institutions

Vote sanction contre le gouvernement ou rejet européen? La question est en train d'être analysée par les experts politiques. Si les élections municipales françaises de mars ressemblaient à un vote sanction, la victoire du FN de dimanche s'apparente surtout à un rejet européen. Une étude IFOP réalisée quelques jours avant les élections européennes montrait qu'environ 42% des Français ne seraient pas déçus en cas de victoire frontiste alors que 27% se disaient même satisfaits.

L'Europe qui se voulait fédératrice à ses débuts et finalement devenue au fur et à mesure des élections la responsable du grand mal européen. Une Europe trop large, mal comprise, qui n'a su ni anticiper, ni gérer la crise économique, qui n'est pas parvenue à faciliter la reprise économique, relancer la croissance ou encore réduire le chômage. Derrière ce schéma qui pourrait sembler assez réducteur, se cache une réalité, celle d'une Europe mal comprise, mal vendue par les décideurs politiques et sanctionnée par un vote en faveur des extrêmes.

Toutes les grandes familles européennes sont en net recul au profit des extrêmes. Extrême droite en France, au Royaume Uni avec le parti europhobe UKIP, en Allemagne avec les anti-euro, au Danemark ou encore en Autriche. Le Parti populaire européen (PPE) ou parti de droit arrive en tête du scrutin avec 212 sièges contre 273 dans la précédente législature. Cette victoire relative devrait permettre au chef de file PPE, Jean-Claude Juncker, de revendiquer la présidence du Parlement européen contre son opposant socialiste Martin Schulz. Les socialistes et démocrates ont obtenu 185 sièges, les centristes 71 et les Verts 55. Que ce soit en France, dans de nombreuses capitales européennes ou à Bruxelles, les tractations vont commencer pour désigner le président du Parlement et analyser le séisme politique qui vient de secouer l'Europe dimanche 25 mai.

Vanessa Gondouin-Haustein

 

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