Le 12 janvier 2010, Haïti, l’un des pays les plus pauvres au monde, était frappé par un séisme de magnitude 7,2. Bilan : 220 000 morts, 300 000 blessés et plus de 2 millions de sans-abri. Vendredi, soit trois ans après ce terrible tremblement de terre, la Cour des comptes a rendu public un rapport sur l’aide française apportée aux populations sinistrées. Les 237 pages portent sur l’action de l’État ainsi que sur l’utilisation des dons récoltés par 7 organisations non gouvernementales. Même si la Cour émet quelques réserves et fait des recommandations, ses conclusions sont plutôt satisfaisantes. « Aucune dérive grave n’a été constatée par la Cour ».
Premier satisfecit : « la réactivité des intervenants ». Elle salue « le professionnalisme du centre de crise du ministère des Affaires étrangères, le pré-positionnement des forces de sécurité civile dans les Antilles et la présence ancienne des organisations humanitaires françaises sur le terrain ». Avec un bémol quand même. Les Sages de la rue Cambon regrettent ainsi les « faiblesses » de la coordination de l’aide sur place pendant la phase d’urgence. « Les réponses humanitaires ont parfois manqué de souplesse ou été mal adaptées au contexte urbain du séisme », souligne la Cour.
Concernant l’aide publique d’urgence et de reconstruction, elle est évaluée à 152,5 millions d’euros. Moitié moins qu’annoncé par les autorités françaises. Comme l’explique la Cour, cette « différence tient à ce que l’annonce initiale intégrait des décisions financières prises en faveur d’Haïti avant le séisme ». Côté ONG, 240 millions d’euros ont été récoltés, dont 87 millions issus de dons des particuliers. Et si la transparence financière doit encore être améliorée, la Cour note que « les organismes faisant appel à la générosité publique ont respecté globalement les objectifs annoncés dans leurs appels à dons » et ont « procédé à un suivi des fonds collectés et à une information des donateurs conformément à leurs obligations ».
La Cour des Comptes s’est également intéressée à l’adoption des enfants haïtiens, « qui s’est faite à marche forcée, sous la pression de l’opinion publique ». Les Sages de la rue Cambon estiment toutefois que « le ministère des Affaires étrangères s’est attaché à agir dans l’intérêt à la fois des enfants et des familles ». Tout en notant que « la catastrophe haïtienne illustre les difficultés supplémentaires que crée l’usage de la procédure d’adoption individuelle », c’est-à-dire sans passer par un organisme officiel. Et le rapport ne manque pas de rappeler que la Convention de La Haye « encourage à renoncer » à cette procédure d’adoption, « afin de garantir à la fois l’intérêt des enfants et la souveraineté des États ».
Caroline Moisson