Avec 7% de croissance par an depuis 8 ans, le Nigéria devient un partenaire économique de choix. D’autant plus que son PIB est en passe d’être réévalué par le Fonds monétaire international, ce qui le propulserait devant l’Afrique du Sud, première économie du continent. François Hollande en est convaincu. Et lors de sa visite officielle de 24 heures dans le pays à l’invitation de son homologue nigérian Goodluck Jonathan, le président français venu pour parler de la sécurité du géant ouest africain en proie aux violence du groupe extrémiste radical Boko Haram, a aussi participé à une rencontre économique franco-nigériane à l’issue de laquelle plusieurs accords ont été signés entre les deux pays.
Mai s avant les discussions économiques, le président français accompagné de Laurent Fabius, avait participé jeudi matin à Abuja, la capitale fédérale du pays, à une conférence internationale à la fois dédiée à la sécurité du pays et au centenaire de l’unification du pays. Alors que le groupe islamiste Boko Haram multiplie les actions violentes dans la moitié nord d pays, au risque de déstabiliser les Etats voisins et notamment le Cameroun, François Hollande a assuré devant une vingtaine de dirigeants africains : « Aujourd'hui, le Nigeria fait face au terrorisme de Boko Haram » avant d’ajouter : « Votre combat est aussi le nôtre », « nous serons toujours prêts à vous apporter non seulement notre soutien politique mais notre concours chaque fois qu'il sera nécessaire ». Ainsi, les attaques meurtrières se multiplient et au moins 32 personnes ont été tuées au cours de trois attaques menées depuis mercredi soir par Boko Haram dont une contre un collège religieux. Selon l’ONU, 300 000 personnes ont été déplacées en raison de ces violences en un an. De plus, le groupe terroriste a été impliqué ces derniers mois dans l’enlèvement de plusieurs Français, la famille Moulin-Fournier et le père Georges Vandenbeusch, à la frontière sensible du Nigéria et du Cameroun. Depuis, ces otages ont été libérés.
Soutien des entreprises françaises implantées dans le pays
L’après-midi de jeudi a été consacrée à des discussions et rencontres économiques auxquelles participaient de grands groupes français comme Total, Alstom, Bouygues, Thales, Lafarge ou encore Sanofi. La France souhaite ainsi diversifier ses relations commerciales avec le Nigéria basées pour l’essentiel aujourd’hui sur les produits pétroliers, et les étendre à l’agroalimentaire, la distribution et les infrastructures. Ainsi, les échanges bilatéraux s'élèvent à 5 milliards d'euros entre les deux pays alors que les exportations françaises vers le Nigeria ont cru de plus de 10% en 2013. « Le Nigeria est le premier partenaire commercial de la France en Afrique subsaharienne », a souligné M.Hollande qui s'est dit prêt à « investir davantage » dans l'économie de ce pays. « Et le Nigeria a l'ambition d'être en 2020 une des 20 premières économies mondiales », a encore souligné M. Hollande.
« Nous voulons être beaucoup au Nigeria pour être vraiment en Afrique », a-t-il conclu. La signature d’accords étaient prévus notamment avec l'Agence française de développement (AFD) pour l'électrification de la région d'Abuja et avec l'entreprise française Vergnet spécialisée dans l'éolien. Selon l'Elysée, l'AFD est en mesure de consacrer jusqu'à 650 millions d'euros sous forme de prêts en 3 ans au Nigeria.
Visite en Centrafrique
La soirée du président a été consacrée au centenaire de l’unification du Nigéria, une cérémonie dont il était à la fois, l’unique invité d’honneur et le seul chef d’Etat occidental présent. Vendredi matin François Hollande a fait étape à Bangui, la capitale centrafricaine où il s’est adressé aux troupes françaises et a rencontré la présidente de transition Catherine Samba Panza. C’est la seconde fois que le chef d l’Etat Français se rend dans ce pays depuis le 5 décembre, date du déclenchement de l'opération militaire baptisée « Sangaris ». Le 10 décembre en effet, le chef de l'Etat avait effectué une première visite surprise aux troupes françaises à Bangui, en provenance d'Afrique du Sud où il venait d'assister à la cérémonie d'hommage à Nelson Mandela, décédé quelques jours plus tôt. Le président avait reçu mardi l'aval d'une prolongation par le Parlement français par laquelle 2 000 soldats ont été mobilisés.
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Boko Haram (Libération)
La famille Moulin-Fournier (Le Figaro)
Le père Georges Vandenbeusch (L'Express)
Vendredi matin François Hollande a fait étape à Bangui (Libération)