Les visages crispés, les regards empreints de gravité, leurs mains légèrement entrelacés, François Hollande et Joachim Gauck étaient, mercredi 5 septembre à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) pour rendre hommage aux victimes du régime nazi. C’est dans cette église que, le 10 juin 1944, environ 350 femmes et enfants furent brulés vifs, tandis que les 300 hommes du village furent mitraillés par la division SS “Das Reich”. L’instant était symbolique pour les deux chefs d’Etat. D’un pas grave mais ferme, les deux hommes se sont lentement avancés vers la nef de l’église sans toit. Sans un mot, ils se sont recueillis pendant plusieurs minutes, tout en se tenant par la main. Ils ont ensuite été rejoints par Robert Hebras, aujourd’hui âgé de 88 ans et l’un des seuls survivants du massacre d’Oradour-sur-Glane.
Défendre les droits de l’homme
La visite officielle, qui a duré plus de deux heures trente, s’est poursuivie au cimetière d’Oradour-sur-Glane avec le dépôt d’une gerbe, la signature du livre d’or et une nouvelle accolade entre les deux Présidents. “Je vous regarde M. Hollande, je regarde les familles des victimes assassinées, je voudrais tous vous remercier au nom des Allemands de venir au devant de nous avec cette volonté de réconciliation. Je ne l’oublierai jamais”, a témoigné Joachim Gauck au chef d’Etat français. “Vous êtes la dignité de l’Allemagne d’aujourd’hui, capable de regarder en face la barbarie nazie d’hier”, a pour sa part exprimé François Hollande au Président allemand. “Votre présence est bien plus qu’un symbole, c’est une promesse de défendre les droits de l’homme chaque fois qu’ils sont violés, près de chez nous ou loin d’ici”, a-t-il ajouté dans une allusion faite à la Syrie.
Cette visite est une nouvelle page dans l’histoire de la réconciliation entre les deux pays qui célèbrent cette année le cinquantième anniversaire du traité d’amitié franco-allemand. Un rapprochement qui a notamment été marqué dans le passé par la visite en 1958 à Colombey-les-Deux-Eglises de Charles de Gaulle et Konrad Adenauer ou encore de celle à Verdun en 1984 de François Mitterrand et Helmut Kohl.
Vanessa Gondouin-Haustein
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