Le marché du travail français serait structurellement défavorable à de nouvelles entrées de migrants. C’est en tout cas le constat fait par Mirna Safi, chercheuse et enseignante à Sciences Po Paris, qui vient de rendre son rapport à l’ONG américaine Migration Policy Institute (Institut de politique migratoire en français). Il s’intitule « Changer d’approche : politiques pour favoriser l’intégration des nouveaux immigrants sur le marché du travail en France ». Ce rapport examine la façon dont les politiques générales de l'emploi combinées avec les récentes réformes favorisent ou non l'intégration des immigrants nouvellement arrivés sur le marché du travail français et la promotion des emplois moyennement qualifiés. Il analyse la politique d'immigration actuelle et la pertinence des programmes de lutte contre la discrimination de l'emploi, de la langue et de la formation professionnelle. Enfin, le rapport fait des recommandations politiques.
Selon lui, en France, les immigrants font face à un certain nombre de défis dès l'entrée et même en termes d’évolution sur le marché du travail. Ces défis se nomment discrimination, non reconnaissance de certaines qualifications étrangères et réseaux professionnels limités. Selon Mirna Safi, en France, la politique d'intégration a toujours été traitée au travers de la politique urbaine. Autrement dit, en ciblant les quartiers défavorisés réputés pour abriter une forte concentration d’immigrants plutôt que les immigrants eux-mêmes.
Bien qu'il y ait eu des réformes importantes en matière de politique d'intégration depuis 2000, l'objectif de ces réformes a été surtout culturel et socio-économique. D’autre part, le rapport souligne que plusieurs systèmes sont accessibles aux immigrants à leur arrivée, notamment l'accès au service public de l'emploi (comprenant entre autre Pôle emploi, les maisons de l’emploi…) qui fournit une assistance à la recherche d'emploi et l’orientation professionnelle. Mais malgré tout cela, selon Mirna Safi, les immigrants restent exclus des formations professionnelles les plus prestigieuses.
En outre, immigrants et jeunes ressortissants étrangers nés hors Union européenne (UE ) sont exclus de nombreux emplois dans le secteur public et privé.
Le rapport fait partie d'un projet de recherche financé par l'Union européenne et menée en collaboration avec le Bureau international du Travail. La République Tchèque, la France, l’Allemagne, l’Espagne, la Suède et le Royaume-Uni font eux aussi l’objet d’une étude sur le sujet.
Gaëlle Michineau
Pour en savoir plus :
Rapport de Mirna Safi - Changer d’approche : politiques pour favoriser l’intégration des nouveaux immigrants sur le marché du travail en France (Anglais)