La France dans le cyber-viseur de la NSA

mardi 3 septembre 2013
AP

Les révélations permises par les nombreux documents transmis par Edward Snowden, ancien consultant de la NSA (l’Agence nationale de sécurité américaine) n’en finissent plus d’échauffer les esprits et de créer des tensions diplomatiques entre les Etats-Unis et ses alliés mondiaux. Et, alors que Paris et Washington affichent, contre vents et marées, des positions similaires sur l’attitude à adopter face au régime de Bachar El-Assad, la France n’échappe pas au maillage informatique mis en place par le gouvernement Obama depuis plusieurs années.

Comme le révélait au début de l’été le journal allemand Der Spiegel, la diplomatie française aurait fait l’objet, dès 2010, d’une surveillance approfondie de la NSA et des services secrets américains, notamment grâce aux accords ultra secrets contractés avec les plus grands serveurs informatiques du monde. En ligne de mire de ce que le Monde définit comme “la pieuvre de la cybersurveillance de la NSA”, on retrouve les ambassades et consulats français en relation directe avec le ministère des Affaires étrangères. La NSA aurait aussi visé à surveiller les représentants français à Washington mais aussi au sein des Nations Unies, à New York. Les espions de la NSA s'intéresseraient aussi aux secrets de l’industrie militaire française, relève encore Der Spiegel.

Non contents d’avoir infiltré et intercepté les communications téléphoniques et informatiques de quelques gouvernements étrangers, les Etats-Unis ont étendu leur attention aux plus puissantes entités diplomatiques du monde. L’hebdomadaire allemand, ainsi que le Washington Post et The Guardian, avaient en effet déjà révélé que l’ONU avait été infiltrée par les cyber-pirates américains, à l’été 2012. L’Union Européenne n’est pas en reste puisque fin juin était dévoilée l’existence du programme Prism, visant les bureaux de l'Union européenne à Bruxelles et la mission diplomatique de l'UE à Washington et aux Nations unies.

Evidemment, cette surveillance tous azimuts n’est pas du goût de tous. Dans le même élan que nombre de personnalités européennes, François Hollande a durement réagi à ces révélations. Début juillet, il avait exigé que cessent sans délai ces programmes d’écoute, assénant que son gouvernement ne saurait "accepter ce type de comportement entre partenaires et alliés". "On ne peut avoir  de négociations, de transactions, sur tout domaine, qu'une fois obtenues ces garanties pour la France, et ça vaut pour toute l’Union européenne, et j'allais dire pour tous les partenaires des Etats-Unis", avait-il poursuivi. Loin de se soumettre à ces injonctions, le gouvernement américain avait réagi, par la voix de John Kerry, affirmant que la surveillance américaine n’était pas une exception et que  tous les gouvernements usaient "de nombreuses activités" pour sauvegarder leurs intérêts et leur sécurité.

Mathilde Leleu

Pour en savoir plus :

La NSA a aussi espionné la diplomatie française (Le Monde)

Plongée dans la "pieuvre" de la cybersurveillance de la NSA (Le Monde)

Révélations du journal allemand Der Spiegel (Der Spiegel - en Allemand)

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