La journée était historique, jeudi 29 novembre, au siège des Nations Unies, de New York, en cette Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien. A l’issue d’un vote à l’assemblée générale avec 138 voix pour, 9 contre et 41 abstentions, la Palestine s’est vue accorder le statut « d’Etat observateur non membre auprès de l’Organisation des Nations Unies ». Cette reconnaissance est d’autant plus historique que le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, présent pour l’occasion s’était vu refuser il y a tout juste un an le statut d’Etat Membre de l’ONU par le Conseil de sécurité.
La France, par la voix de son ambassadeur Gérard Araud, a voté en faveur de cette demande. En votant pour la reconnaissance de la Palestine à l’ONU, la France a indiqué « qu’elle venait de voter en faveur de la solution à deux Etats. Deux Etats pour deux peuples, Israël et la Palestine, vivant, côte à côte, en paix et en sécurité à l’intérieur des frontières sûres et internationalement reconnues », a expliqué l’Ambassadeur devant l’Assemblée générale à l’issue du vote. Plus encore, il a ajouté que la France venait de voter en « faveur d’une solution dont elle s’est faite l’avocate avant que l’ensemble de la communauté internationale ne s’y rallie ». « C’est une question de principe », analyse un diplomate français qui préfère garder l’anonymat. Si les responsables français jugent cette reconnaissance importante, plusieurs estiment que le moment est extrêmement mal choisi. « Pourquoi maintenant », s’interroge le diplomate. « Les Etats-Unis viennent tout juste de réélire leur Président et les violences entre Israël et le Hamas ne font qu’exacerber les tensions ».
Ce statut devrait désormais permettre à la Palestine de la Cour pénale internationale (CPI) et la Quatrième Convention de Genève sur la protection des civils. Ainsi, l’Etat palestinien pourrait saisir la CPI pour crimes de guerre contre l’humanité. De leur côté, les Etats-Unis menacent de suspendre une aide promise de 200 millions de dollars.
L’Ambassadeur Araud a rappelé qu’en 1982, devant la Knesset, le Président Mitterrand avait appelé à la création d’un Etat palestinien. Aujourd’hui, a-t-il dit, la France ne pouvait pas manquer ce rendez-vous, ni celui d’entendre l’appel du Président Abbas, ni celui d’accorder son soutien aux partenaires de la paix, quelques jours après l’explosion de violence entre Gaza et Israël.
« La reconnaissance internationale qu’accorde aujourd’hui cette assemblée au projet étatique palestinien ne pourra se traduire dans les faits que par un accord entre les deux parties sur l’ensemble des questions du statut final , dans le cadre d’un règlement de paix juste et global qui réponde aux aspirations légitimes d’Israël et de la Palestine », a conclu M. Araud.
Vanessa Gondouin-Haustein