Aider l’opposition syrienne ou ne pas l’aider ? Telle est la question. Si dans l’absolu, cette question requière de pieux et positifs suffrages, c’est dans sa façon de la mettre en œuvre que les opinions divergent. Il faut dire que le député PS Philippe Baumel n’y va pas de main morte et réclame même un droit d’ingérence militaire que l’ONU, même épaulé par le Conseil de Sécurité, ne peut pas appliquer. Dans un projet de tribune libre dévoilé dimanche par l'AFP, le député de Saône-et-Loire, membre de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, étaye son argumentaire : « Nous ne saurions prétendre aider l’opposition syrienne sans lui permettre de défendre la population contre les chars, les roquettes, les avions. Assistance technique, aide à la conduite d’opération, fourniture de matériel : l’armée syrienne libre doit avoir les moyens de consolider sa légitimité sur le terrain ». Selon son auteur, une trentaine de parlementaires socialistes aurait déjà cosigné ce texte réclamant l’envoi d’armes à l’armée de libération de la Syrie (ASL). D’ailleurs, François Hollande avait lui-même affirmé le 19 septembre dernier à Bamako, que la France livrerait des armes à l’ASL mais « dans un cadre contrôlé » et « élargi avec un ensemble de pays », pour éviter « que des armes puissent aller vers des jihadistes ».
« La perspective d’un contrôle international de ses armes chimiques est une avancée importante, mais elle ne doit pas nous faire oublier que la guerre fait rage en Syrie, écrit encore M. Baumel. Pour éviter que la Syrie ne s’enfonce dans un tête-à-tête entre un régime sanguinaire et une nébuleuse djihadiste, la France prône la seule option décente : le renforcement de l’opposition démocratique (...) Nous appelons à poursuivre et approfondir cette stratégie de soutien pour rendre enfin possible une solution politique ». Puis, il rajoute en jouant la carte de la neutralité idéologique : « Opposition laïque, islamiste, marxiste, libérale : il ne nous appartient pas de définir les orientations d’une Syrie libre, mais d’aider les syriens qui se battent pour leur liberté ».
Bapt, pas d’accord !
Toutefois, Philippe Baumel est loin de récolter la majorité des approbations au sein du groupe PS et Gérard Bapt, président du groupe d'amitié France-Syrie à l'Assemblée nationale, s'est pour sa part déclaré dans une lettre « en désaccord avec l’option de livraison d’armes à l’ASL ». Le député PS de Haute Garonne, estime en effet, que l'ASL voit « certaines de ses composantes rejoindre le camp jihadiste dans leur non-reconnaissance de la légitimité et de la représentativité du Conseil National Syrien (CNS), et la volonté d’imposer la charia en Syrie ». Il affirme aussi que seuls « des membres de l’opposition favorables à une intervention armée » participeront à un débat sur la Syrie co-organisé mardi, par Philippe Baumel et l’université Emmanuel Wallon, dans les locaux de l'Assemblée nationale.
Le député de Haute Garonne dénonce, en effet, que deux des intervenants « semblent poser problème ». Il cite nommément Qasem Saad Eldine, porte parole de l’ASL et ex colonel de l’armée de l’air syrienne, « qui aurait une responsabilité dans l’exode des chrétiens d’Homs ». C’est lui qui a créé en février 2012, le premier Conseil militaire de région, structure généralisée par la suite à l’ensemble des gouvernorats. Le second personnage mis sur la sellette par Gérard Bapt est le chef du conseil provincial de la province libre d'Alep, Yaihia Nanah. Structure qui a été élue lors d’un scrutin organisé en Turquie en mars dernier. C’est Elisabeth Guigou, la présidente de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée Nationale, qui introduira demain le débat sur la Syrie.
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Le 19 septembre dernier à Bamako François Hollande a affirmé vouloir fournir des armes à l’ASL (RTL)
Contrôle international de ses armes chimiques (Jeune Afrique)