Le 26 juin a été lancé une radio syrienne qui se présente comme le premier média « libre et indépendant destiné à faire entendre la voix des Syriens de l’intérieur » et qui émet depuis Paris : Radio Rozana (terme qui désigne une ouverture qui fait entrer la lumière). Rappelant qu’au cours des deux dernières années, le conflit syrien a « fait près de 100 000 victimes civiles et tué plus de 80 acteurs de l’information », le ministère des Affaires étrangères français estime que « la Syrie manque plus que jamais de journalistes indépendants et professionnels pour couvrir le conflit. » Le Quai d’Orsay déplore « un flux d’informations partisanes, parcellaires et non vérifiées ». C’est pourquoi il soutient, via Canal France international (CFI), cette nouvelle radio qui « diffusera des informations de première source, collectées et vérifiées par des citoyens-journalistes syriens basés dans chacun des gouvernorats du pays, en vue de fournir aux Syriens se trouvant à l’intérieur du pays ou à l’étranger des informations indépendantes et fiables sur l’évolution du conflit en cours. »

Informer des enjeux politiques, sociaux et humanitaires du conflit et « contribuer à l’avènement d’une société libre et démocratique en Syrie »

L’ambition de Radio Rozana est, selon la rédactrice en chef, Lina Chawaf, « d’informer citoyens et réfugiés des enjeux politiques, sociaux et humanitaires… du conflit, et de contribuer à l’avènement d’une société libre et démocratique en Syrie ». Gérée par une équipe de cinq journalistes à Paris, appuyée par une trentaine de correspondants, « Radio Rozana se propose de suivre la vie quotidienne des Syriens, en donnant la parole aux civils, principales victimes de ce conflit. La radio proposera également des analyses critiques, en s’affranchissant des biais politiques, religieux ou autres » dans le cadre d’une émission quotidienne en arabe de deux heures, selon Lina Chawaf, qui insiste sur le fait qu’ils ne soutiennent ni le régime syrien, ni certaines milices adverses, les islamistes radicaux, mais qu’ils soutiennent « les civils, les Syriens de l’intérieur qui vivent là-bas et qui souffrent tous les jours ». Pour elle, « la Syrie a vraiment besoin de médias indépendants et professionnels ».

Diffusée sur le site www.rozana.fm et par satellite, Radio Rozana est soutenue par différents organismes, tels que la Fédération internationale des ligues de droits de l’homme, Reporters sans frontières, Radio Netherlands ou encore l’ONG International Media Support (IMS) basée au Danemark et le ministère des Affaires étrangères français, via son opérateur de coopération médias, Canal France international (CFI)

CFI place la France « parmi les intervenants majeurs en faveur du développement des médias du Sud »

Le soutien de CFI à l’initiative syrienne Radio Rozana s’est notamment traduit par l’organisation de stages de formation en Turquie pour les journalistes syriens et par la fourniture de matériel. Lina Chawaz précise : « la radio n'est lié à aucun gouvernement, ainsi le soutien du ministère français des Affaires étrangères français n'est que moral et technique ». « Il est sûr qu’il n’y a aucune interférence rédactionnelle dans le travail de la radio » insiste le directeur général de CFI, Etienne Fiatte à l’AFP.  Outre la Radio Rozana, le CFI, a en 2012 appuyé également le nouveau Syndicat des journalistes syriens (SJA) dont l’objectif est de soutenir les journalistes syriens exilés ou restés en Syrie.

Filiale de France Télévision, cette agence française de coopération médias a notamment pour mission d’appuyer le développement des médias du Sud – composante des politiques d’aide publique au développement - dans le cadre se son Contrat d’Objectifs (2011-2013). En 2012, avec une subvention de l’ordre de 14 millions d’euros, le CFI a développé « des programmes structurants en faveur des nouveaux médias, de la promotion de la bonne gouvernance et de la démocratie, et de la recherche d'une viabilité économique de plusieurs opérateurs du Sud ». Le CFI déploie quelque 453 experts sur le terrain pour un partage du savoir-faire français. Avec une progression continue depuis 4 ans du volume d’activité du CFI – plus de 2 000 journées de transfert d’expertise - la France figure « parmi les intervenants majeurs en faveur du développement des médias du Sud, même si l'effort financier qui leur est consacré est inférieur à celui que d'autres grands pays développés consacrent au secteur des médias. »

Anne-Laure Chanteloup

Pour en savoir plus :

Radio Rozana (Site de la radio)

Fiche encyclopédique : ministère des Affaires étrangères (AllGov France)

Le point sur la signature du Contrat d'Objectifs de CFI et réunion du comité de coordination pour la coopération audiovisuelle extérieure (Site du Ministère des Affaires étrangères)

Rapport d'activité 2012 de CFI (Site de CFI)

Une radio syrienne indépendante émet depuis Paris (site du Ministère des Affaires étrangères)

Syrie : depuis Paris, Radio Rozana se veut "indépendante" (TV5 Monde)

Syrian Radio Rozana - for free and fair media (site de International Media Support)

Rozana, radio syrienne "libre et indépendante", veut s’adresser "aux Syriens de l’intérieur" (L’Orient Le Jour)