Après un passage à Berlin, Vladimir Poutine est venu faire la connaissance de son homologue français vendredi soir. Au cœur des discussions entre les deux chefs d’États : la Syrie. Mais le Kremlin avait prévenu les hôtes : aucune pression ne le fera changer d’avis. Et si Vladimir Poutine a plaidé avec Angela Merkel pour une « solution politique » - ils sont tous deux opposés à l’usage de la force, contrairement à François Hollande qui n’exclut pas une intervention sous l’égide de l’ONU - la chancelière allemande et le président français ont vu leurs espoirs d’infléchir sa position déçus. Mais après le massacre de Houla, qui a fait 109 morts dont 49 enfants, les déclarations de la diplomatie russe, accusant « l’aide financière étrangère » et « les livraisons en contrebande d’armes modernes aux rebelles» d’être à l’origine de ce drame, laissaient peu de doutes quant au succès d’une telle entreprise.

Lors de leur conférence de presse conjointe, alors que François Hollande prône un durcissement des sanctions et considère que seul le départ de Bachar al-Assad, « préalable pour la transition politique », permettra la sortie de crise (sans toutefois évoquer la possibilité d’une intervention militaire) Vladimir Poutine, quant à lui, fidèle à sa politique du véto dont il use depuis un an avec la Chine, refuse tout changement de régime et reste fermement opposé à toute sanction qu’il considère comme étant « loin d’être toujours efficace ». Seul point de convergence : la crainte d’une guerre civile. Les deux hommes se sont accordés sur le fait qu’il faut lutter contre ce risque en soutenant la mission du médiateur de l’ONU, Kofi Annan.

Outre le dossier syrien, ils ont achoppé sur la question du boycott de l’Euro de football en Ukraine, du fait de la détention de l’opposante Ioulia Timochenko qu’ils déplorent tous deux, V. Poutine étant « contre l’amalgame entre politique et sport ». Cependant, ils ont trouvé un terrain d’entente en matière de coopération bilatérale, avec notamment, la réunion prochaine d’un « conseil économique et financier » et d’un « séminaire intergouvernemental » visant à « renforcer les échanges économiques, commerciaux et les relations culturelles » entre les deux pays. François Hollande a également accepté l’invitation en Russie de son homologue.

Anne-Laure Chanteloup