« D’immenses progrès ont été fait en 5 ans de crise ! Qui aurait pensé en 2007 qu’on en serait à parler d’Union bancaire ? », ironisait Jean-Paul Betbeze, directeur des études économiques au Crédit-Agricole S.A lors d’un colloque du CAS le 24 septembre à Paris. On y est presque. Les dirigeants européens avancent vers l’Union bancaire à pas mesurés. Et pour le confirmer, cet accord auquel sont parvenus les chefs d’Etat dans la nuit de jeudi à vendredi 19 octobre pour mettre en œuvre la supervision des banques de la zone euros dès 2013. Un compromis qui provoque un ouf de soulagement tant ce sujet commençait vraiment à empoisonner les relations franco-allemandes. Optimiste increvable, François Hollande a affirmé lors d’une conférence de presse que cette supervision bancaire interviendrait « dans un délai plus rapide encore que le délai prévu au mois de juin ». « C'est une étape importante pour permettre d'aller vers l'union bancaire », ajoutait le Président de la République.
La commission et certains Etats dont la France avaient insisté pour que le mécanisme de supervision bancaire soit mis en œuvre dès janvier 2013. Proposition qui avait obtenu un carton rouge de l’Allemagne qui jugeait ce calendrier irréaliste. Après de longues et âpres heures d’un match difficile et périlleux, la France et l’Allemagne ont réussi à trouver un compromis. « On a décidé aujourd'hui de préciser le calendrier », souligne le président de l'UE, Herman Van Rompuy, devant la presse, ajoutant que la BCE « s'était engagée à travailler le plus vite possible pour une mise en place de ce mécanisme au cours de l'année 2013 ».
France/Allemagne : 1 partout
C’est Berlin qui marque donc un premier point en obtenant la mise en place graduelle du mécanisme de supervision. « Nous avons toujours dit que la qualité devait passer devant la rapidité », le but étant « une supervision bancaire digne de ce nom », se félicite la chancelière allemande Angela Merkel. Satisfaction d’autant plus grande que ce calendrier convient parfaitement à la chancelière : des élections législatives en Allemagne sont prévues en septembre 2013. Elle remettra alors son mandat en jeu en composant avec une opinion de plus en plus hostile à l'idée d'aider les pays de la zone euro en difficulté.
Paris égalise toutefois lors de la seconde mi-temps en obtenant que cette supervision s’applique aux 6000 banques de la zone euro et concernera toutes les banques et pas seulement les plus grandes. Une mesure à laquelle Berlin était hostile car elle permet d’étendre la supervision aux banques régionales allemandes. Mais les dirigeants se sont rangés à la raison car ce mécanisme est la condition pour qu'une recapitalisation directe des banques par le nouveau pare-feu de la zone euro, le MES, voie le jour sans alourdir la dette du pays. Il doit empêcher que les crises bancaires ne se transforment à nouveau en crise de la dette dans laquelle nous baignons depuis plus d’un an.
Véronique Pierron