« Insupportable, inadmissible, inacceptable ». C’est ainsi qu’a qualifié François Hollande « l’occupation » « du Nord Mali par des groupes terroristes » dans son discours de mardi à l’Assemblée générale des Nations unies. Il s’est montré encore plus résolu lors de la réunion de mercredi consacrée à la crise au Sahel, en marge de l’Assemblée, considérant qu’il ne peut être question de négocier avec des terroristes et que les conditions sont réunies pour l’adoption d’une résolution par le Conseil de sécurité et la mise en place d’une force africaine « le plus rapidement possible » « pour permettre au Mali de retrouver son intégrité territoriale ». Comme il l’avait promis dans son discours lors de la conférence des ambassadeurs, il soutient ce Pays qui, suite à un accord avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a saisi Ban Ki-moon d’une demande d’intervention militaire internationale. Le président, qui a salué l’envoi d’un représentant spécial des Nations unies, a ajouté : « La France soutiendra toutes les initiatives permettant que les Africains règlent eux-mêmes cette question dans le cadre de la légalité internationale ». Le gouvernement a en effet précisé que les troupes françaises ne participeraient pas aux opérations au sol mais qu’il apporterait un « soutien logistique ».
Quant aux risques qu’une intervention militaire ferait peser sur les six otages français retenus par al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui a récemment menacé leurs vies, qualifiant d’ « initiative folle » « une invasion du Nord du Mali », François Hollande a rappelé que « la France fera tout pour la libération de ses ressortissants » et a déclaré que la nécessité de les libérer ne devait « pas passer par le renoncement à assurer l’intégrité » de ce pays.
Cependant, la constitution de cette « force de stabilisation » pourrait prendre plus que quelques semaines, comme le réclament François Hollande et certains dirigeants africains. Si le reste de la communauté internationale reconnaît « l’urgence » de la situation, elle est plus circonspecte en raison des difficultés liées à la restructuration de l’armée malienne, au nombre de troupes mobilisables par la CEDEAO ou encore aux réticences de certains pays africains. La secrétaire d’État américaine Hilary Clinton, qui qualifie la région de « poudrière », considère que « seul un gouvernement démocratiquement élu aura la légitimité pour parvenir à une résolution négociée au Nord » et Ban Ki-moon lui-même s’inquiète des « graves conséquences humanitaires » que pourrait engendrer une solution militaire. L’ONU a d’ores et déjà demandé au Mali et à la CEDEEAO des précisions quant aux modalités de cette intervention.
Anne-Laure Chanteloup