Le chef d’état-major des armées, l’amiral Edouard Guillaud, s’est exprimé sur la situation au Mali et la progression de l’opération Serval dans le massif des Ifoghas au micro de Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1, hier, 4 mars. Il ne cache pas l’ampleur de la tâche et déclare que les militaires français ont découvert sur le terrain « littéralement une organisation industrielle du terrorisme », évoquant « plus d’une cinquantaine de caches dans des maisons, des hangars ou des grottes » et « plus d’une dizaine d’ateliers de fabrication, y compris de bombes dans l’un des ateliers » et « vingt bombes artisanales en cours de fabrication simultanément. » Ce qui démontre, selon lui, que « ça dépasse l’Adrar des Ifoghas, ça dépasse le Mali, ça dépasse même le Sahel. C’était expansionniste ». À l’appui de ces déclarations, Le Point a publié des photos de l’important armement découvert, preuves de « la dangerosité d’Aqmi » et de ses visées expansionnistes.

Confrontés à des « fanatiques » « entraînés depuis des mois et même des années », il précise « nous ne sommes pas surpris, car nous étions prêts. Nous savions que ce serait la partie la plus dure de cette campagne ». Difficultés qui ont conduit à d’importantes pertes dans les rangs tchadiens mais également français, avec la mort sur le champ d’honneur d’un troisième soldat, le caporal Cédric Charenton, le 2 mars. Mais l’amiral considère que l’opération progresse face à « quelques centaines tout au plus » de combattant réfugiés dans l’Adrar des Ifoghas (un gros quart des 1.200 à 1.500 combattants estimés début janvier dans le nord Mali). « Nous avons « nettoyé » une des vallées principales » et « nous allons continuer sur les autres vallées (…) pour tout démanteler ». Le chef d’état-major est confiant et considère que l’on atteint le but fixé par le président de la République : « Bientôt deux mois après [le début de l’opération], nous sommes en train de casser les reins d’al Qaida au Maghreb islamique » - en « cassant leur système logistique » et en « éliminant leurs têtes de réseau ».

Quant à la fin de l’opération, il la conditionne à la réalisation de deux objectifs cumulatifs : « que nous ayons effectivement cassé les reins de l’organisation et que nous soyons relevés tant par les forces de l’armée maliennes que par la mission internationale d’assistance au Mali ». D’un « naturel optimiste », l’amiral Guillaud « aimerait que ce soit une affaire de semaines », « mais plusieurs semaines de toute façon et pas quelques semaines ».

Anne-Laure Chanteloup