Laurent Fabius a participé à la réunion ministérielle des « Amis du peuple syrien » regroupant onze pays alliés de l’opposition – France, Royaume-Uni, Etats-Unis, Allemagne, Italie, Jordanie, Arabie Saoudite, Qatar, Émirats Arabes Unis, Turquie et Egypte - qui s’est tenu ce samedi 22 juin au Qatar. Pointant « l’escalade militaire » qui « se poursuit depuis la chute de Qousseir et menace la stabilité des pays voisins », la France souhaitait réaffirmer à cette occasion, sa pleine mobilisation aux côtés de l’opposition syrienne, sa détermination « à agir pour mettre fin aux souffrances du peuple syrien qui subit chaque jour une répression impitoyable et pour favoriser l’émergence d’une solution politique et l’avènement d’une Syrie libre et démocratique ».
Des traitements anti-gaz sarin qui en disent « long sur les ravages que fait courir Bachar al-Assad à sa population »
Le Quai d’Orsay a annoncé le 21 juin avoir envoyé plus de seize tonnes de médicaments en Syrie via l’Union des organisations syriennes de secours médicaux (UOSSM) et en coordination avec l’Unité de coordination des aides de la coalition nationale syrienne. Ils permettront de « soigner plusieurs milliers de personnes dans une vingtaine de centres de santé sur l’ensemble du territoire syrien, et particulièrement dans le nord du pays » selon le ministère.
À l’issue de la réunion des « Amis du peuple syrien » – qui se tenait à Doha ce samedi 22 juin - Laurent Fabius a précisé que ces livraisons à l’opposition syrienne contenaient notamment des traitements contre le gaz sarin permettant de « protéger un millier de personnes ». « Ça en dit long sur les ravages que fait courir Bachar al-Assad à sa population » a déclaré le ministre des Affaires étrangères. Bien que le président de la commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie déclare toujours de ne pas pouvoir dire avec certitude qui a utilisé des armes chimiques en Syrie, Paris, Washington et Londres pointent le régime syrien.
Laurent Fabius a également évoqué la position commune des « Amis de la Syrie » exigeant « que les Iraniens et le Hezbollah cessent d’intervenir dans ce conflit ». Il a expliqué la position de la France, avec d’autres pays d’Europe, d’inscrire la branche militaire du Hezbollah - qui « a joué un rôle terriblement négatif notamment dans l’attaque de Qousseir » - sur la liste des organisations terroristes : « Nous voulons que le Liban soit à l'écart du conflit syrien mais nous ne voulons pas qu'il y ait des actions terroristes de la part du Hezbollah. » Le ministre a en outre insisté sur la nécessité de trouver une solution politique, affirmant « notre souhait très vif d’aller vers la conférence de Genève 2 ».
Les Onze fourniront, « chaque pays le faisant à sa manière », matériel et équipement nécessaires à l’opposition
La réunion a débouché sur la décision des onze pays « Amis de la Syrie » de « fournir d’urgence tout le matériel et les équipements nécessaires à l’opposition sur le terrain, chaque pays le faisant à sa manière », afin qu’elle puisse « faire face aux attaques brutales du régime et protéger le peuple syrien », sans que soit précisé la nature de ces matériel et équipement livrés par chaque pays.
Hamad bin Jassem al-Thani, ministre des Affaires étrangères du Qatar – qui considère qu’un règlement politique « ne peut être réalisé qu’en établissant un équilibre sur le terrain pour que le régime accepte de négocier » - a déclaré que des « décisions secrètes » avaient également été prises pour renverser ce rapport de force rapporte RFI. Mais même si le chef de la diplomatie du Qatar a déclaré que neuf des États l’approuvaient, l’aide militaire semble rester la pierre d’achoppement entre les partenaires.
« Chacun, choisissant son approche », ils augmenteront donc « la portée et l’ampleur de leur assistance à l’opposition politique et militaire » selon les mots du secrétaire d’État américain, John Kerry. Le groupe précise que « toute aide militaire sera canalisée » par le Haut conseil militaire syrien relevant de l’Armée syrienne libre, afin d’éviter que les armes ne tombent aux mains d’islamistes radicaux.
Dénonçant une intervention étrangère qui aide « le régime à réprimer le peuple syrien » et « menace l’unité de la Syrie », les Onze exigent, en outre, que les combattants iraniens et irakiens « quittent la Syrie immédiatement » et appelle « le Hezbollah et le gouvernement d’Iran à immédiatement mettre en application ce retrait et à prendre des mesures pour arrêter les tensions confessionnelles ».
François Hollande, en visite officielle à Doha a salué cette conférence qui a permis « d’établir une ligne, celle de soutenir l’opposition syrienne, de renforcer encore les éléments qui, au sein de cette opposition, donnent toute garantie pour préparer la transition ». Le secrétaire d’État américain, John Kerry a, quant à lui, annoncé la tenue prochaine à Genève d’une nouvelle réunion entre représentants américains et russes avec le médiateur international Lakhdar Brahimi.
Anne-Laure Chanteloup
Pour en savoir plus :
Biographie de Laurent Fabius (AllGov France)
Fiche encyclopédique : ministère des Affaires étrangères (AllGov France)
Syrie : la France a livré des traitements anti gaz sarin à l'opposition (Laurent Fabius, BFMTV)
François Hollande exhorte la communauté internationale à agir en Syrie à cause du gaz sarin (par Véronique Pierron, AllGov France)
Les Amis de la Syrie évoquent des "décisions secrètes" (avec Laxmi Lota, RFI)
Les "Amis du peuple syrien" décidés à aider les rebelles (par Lesley Wroughton et Amena Bakr, Le Nouvel Observateur)