François Hollande s’est rendu en Éthiopie ce samedi 25 mai à l’occasion du cinquantième anniversaire de la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), devenue l’Union africaine (UA) en 2002, qui souhaite « bâtir une Afrique intégrée, prospère et en paix, dirigée par ses citoyens et constituant une force dynamique sur la scène mondiale ».
Auréolé de l’intervention au Mali qui recueille un large consensus et se targuant d’être le seul chef d’État européen présent à Addis-Abeba, le président de la République française, a insisté sur la relation de confiance avec ce « continent d’avenir » et la reconnaissance de la France comme un « pays ami de l’Afrique, un pays utile à l’Afrique ».
Outre la célébration de l’unité des pays africains, François Hollande est venu présenter la nouvelle ligne politique française en Afrique, insistant sur le fait que les Africains doivent assurer eux-mêmes leur sécurité, avec la France à leurs côtés notamment dans la lutte contre le terrorisme, plus particulièrement dans le cadre d’un prochain sommet sur la paix et la sécurité à Paris, mais aussi pour le développement et la lutte contre le réchauffement climatique.
« Les défis à relever ensemble » : sécurité, développement et environnement
Dans son discours devant les 54 États membres de l’UA et notamment le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, le secrétaire d’État américain John Kerry, la présidente brésilienne Dilma Rousseff et le vice-Premier ministre chinois Wang Yang, le président français a qualifié d’ « évènement considérable » ce rassemblement au sein de l’OUA des « pays d’Afrique qui avaient été pendant des décennies colonisés et qui retrouvaient non seulement leur indépendance mais leur dignité et leur capacité d’intervention avec l’Union africaine ». François Hollande a loué les « grands progrès » opérés depuis 50 ans par l’Afrique - « elle s’est entièrement décolonisée, elle a vaincu l’apartheid (…), elle s’est démocratisée, même si il reste encore à faire (…), elle s’est développée, même si les progrès accomplis n’ont pas permis de vaincre encore la pauvreté » - avant d’inviter : « Amis africains soyez fiers du chemin parcouru depuis 50 ans ».
Évoquant l’avenir de l’Afrique et de la relation franco-africaine, le chef de l’État français a estimé que ce « continent de demain », intimement lié à la France et ayant des intérêts communs avec elle, « a besoin non plus de soutien et d’aide (…) mais de confiance, de stabilité de sécurité et de développement. François Hollande a énuméré « les trois défis à relever ensemble » : la sécurité - pour la population, le développement et la paix – le développement et l’environnement.
Sécurité : La France aux côtés des « Africains responsables de leur destin »
« Le terrorisme, les trafics et la piraterie ne concernent pas seulement l‘Afrique mais l’ensemble du monde et c’est ensemble que nous devons combattre ces fléaux » a déclaré François Hollande, citant en exemple l’intervention des Français et des Africains de l’ouest au Mali pour protéger le Sahel et celle de l’Éthiopie et des pays de l’UA en Somalie. Selon lui, « la France se situe en parfaite cohérence avec les orientations définies par l’Union africaine. » Il considère que la sécurité de ce « continent d’avenir » doit être assurée par les Africains eux-mêmes, « mais la France est prête à travailler avec les Africains pour renforcer les capacités d’action, pour doter les armées africaines des moyens de répondre à toutes les agressions. » Lors de la conférence de presse, il a précisé que l’intervention française au Mali ne change pas cette ligne de conduite, c’est à dire « laisser les Africains être eux-mêmes responsables de leur destin. » Le président le répète : « Nous ne voulons pas nous substituer aux Africains », il s’agit d’apporter une contribution pour assurer avec eux la sécurité de leur continent.
François Hollande invite à Paris les dirigeants africains à un sommet pour la paix et la sécurité
Dans cette même ligne, il a profité de l’occasion pour convier les chefs d’États et de gouvernement africains à Paris les 6 et 7 décembre prochain à un sommet pour la paix et la sécurité en Afrique, visant à « définir les formes de la meilleure coopération pour prévenir et traiter les conflits et lutter partout contre le terrorisme ». Cette contribution pourrait consister à, « avec les Européens, former, entraîner, équiper, appuyer les armées africaines (…) pour leur permettre d’être maîtres des décisions qui les concernent, notamment en matière de sécurité ».
Le retrait du Mali ne signifie pas un retrait du Sahel
Concernant plus spécifiquement le Mali, lors de la conférence de presse, François Hollande a confirmé le calendrier de retrait partiel des troupes françaises prévoyant qu’à la fin de l’année il ne restera que mille soldats français au Mali et que plusieurs milliers de soldats sous la bannière de l’ONU seront présents dans le cadre de l’opération de maintien de la paix. Il précise toutefois que ce retrait du Mali ne signifie pas un retrait du Sahel, évoquant notamment le redéploiement d’une partie de ces troupes « dans des pays proches pour faire face à des risques d’agression, voire même au Mali ».
La contribution française au développement de l’Afrique
François Hollande appelle de ses vœux un « partenariat économique exceptionnel » entre la France, l’Europe et « ce continent d’avenir » à la « croissance forte » mais aux « besoins encore considérables ». Il « entend, avec l’Europe – qui, il le rappelle, est, en terme d’aide, le plus grand contributeur des acteurs présents en Afrique - mobiliser l’aide et les prêts de l’Agence française de développement pour des projets d’infrastructure, d’éducation et de formation ». Il souhaite en outre « faire en sorte que l’Europe ouvre encore d’avantage ses marchés dans le cadre de partenariats économiques ».
Selon le chef de l’État, la contribution au développement passe également par une meilleure représentation au niveau des instances internationales, notamment la Banque mondiale et le Fond monétaire international, et considère que l’Afrique doit avoir « d’avantage de place et de responsabilités dans ces institutions », ainsi que dans la gouvernance mondiale. C’est pourquoi la France soutient l’idée d’un siège permanent au Conseil de sécurité pour l’Afrique au travers de son organisation.
Environnement : agir « avec et pour l’Afrique »
Quant à la question de l’environnement, du développement durable et de la lutte contre les changements climatiques, il a affiché la volonté de la France de contribuer à faire en sorte que « l’Afrique soit associée pleinement aux décisions à prendre dans le cadre la Conférence climat », que la France se propose d’accueillir en 2015. Face aux « signaux d’alerte très préoccupants » tels que la désertification, le problème de l’accès à l’eau ou les atteintes à la biodiversité, il estime qu’il convient de prendre des mesures « pour et avec l’Afrique », qui « souffre le plus des dégradations climatiques et des pollutions de toutes sortes ». Il a également réitéré l’intention de la France de « tout faire pour que l’organisation mondiale de l’environnement, quand elle sera enfin décidée, puisse être installée à Nairobi ».
Anne-Laure Chanteloup
Pour en savoir plus :
Discours de François Hollande lors du sommet du 50e anniversaire de l’Union africaine