Le dossier sahélien fait tomber des têtes au ministère des Affaires étrangères, parmi les diplomates travaillant sur l’Afrique, selon une information du quotidien Le Figaro. Fin février, le ministre Laurent Fabius évinçait de son équipe Laurent Bigot, sous-directeur en charge du pays. Un peu plus tôt, c’était au tour de Jean-Félix Paganon, représentant spécial pour le Sahel, d’être remercié. En octobre dernier, la responsable de la Direction Afrique-Océan Indien du Quai d’Orsay, Elisabeth Barbier, était évincée de son poste. Une « purge » sans précédent en pleine guerre au Mali, comme le souligne Le Figaro.
Ces trois départs forcés ont été motivés par « des raisons particulières », affirme l’entourage de Laurent Fabius, cité dans le quotidien. Pour Mme Barbier, Le Figaro évoque une « incompatibilité d’humeur avec le ministre ». Pour MM. Bigot et Paganon, la raison serait plus complexe. Le journal met en cause « le déclenchement anticipé des opérations militaires » au Mali, qui aurait « intensifié les débats au ministère des Affaires étrangères ».
Concernant le cas de Laurent Bigot, une vidéo datée de juillet 2012, effacée de plusieurs sites internet mais toujours visible sur YouTube, montre le diplomate tenant des propos accablants sur le Mali. Il évoque « une corruption gangrenant depuis de longues années toutes les sphères jusqu'au plus haut niveau » et une « démocratie de façade ». Des propos qui vont à l’encontre de la politique menée par la France vis-à-vis du Sahel. Devenu gênant, Laurent Bigot a été « débarqué brutalement », selon ses propres termes cités par Le Figaro.
Ces limogeages sont le signe que la diplomatie française cherche encore ses marques dans la nouvelle relation qu’elle souhaite instaurer avec le continent africain. Relation que François Hollande a souhaité éloigner autant que possible de la Françafrique, dès son arrivée à l’Elysée.
Violaine Badie