Agé de 47 ans, Christophe Bigot a suivi un parcours académique exemplaire. Diplômé de polytechnique et ancien élève de l'Ecole nationale d'administration (ENA), promotion “Condorcet” 1992, il a été conseiller des Affaires étrangères. De 1992 à 1994, il a été à la direction Afrique du Nord et Moyen-Orient, avant d'être nommé Premier secrétaire à Beyrouth, au Liban, entre 1994 et 1997.
Christophe Bigot a également été en poste à New York, à la Mission permanente de la France auprès des Nations Unies, de 1997 à 2001. De retour à Paris, il a occupé le poste de Sous-directeur de la division Afrique australe et Océan Indien entre 2001 et 2004, puis le poste de Premier conseiller à Tel Aviv. Il a également été conseiller Afrique du Nord, Proche et Moyen-Orient, Méditerranée, Asie et Amérique latine, au cabinet du ministre des Affaires étrangères et européennes, de 2007 à 2009.
En Israël, l'ambassadeur fait l'unanimité
Nommé en septembre 2009 ambassadeur de France en Israël, Christophe Bigot a rapidement séduit aussi bien les Français d'Israël que les Israéliens par son style bien à lui. Chacun de ses déplacement est couvert avec beaucoup d'intérêt par la presse locale et nationale. Il est décrit comme celui qui a amélioré les relations diplomatiques entre les deux pays et les journaux français et les médias sociaux n'hésitent pas à qualifier son action « d'exceptionnel ». D'ailleurs, la majorité des internautes le décrit comme un « excellent ambassadeur », qui fait « un travail formidable » et qui est « à l'écoute », un homme qui « personnifie un quai d'Orsay inhabituel », « un quai d'Orsay attaché aux valeurs d'Israël, sensible non seulement aux intérêts de ses concitoyens mais aussi à la souffrance de tous les israéliens ».
Loin du palais doré du quai d'Orsay, Christophe Bigot semble aussi à l'aise en compagnie du Président israélien Shimon Peres, qu'à Jérusalem ou à la rencontre des familles des victimes d'attaques terroristes. Christophe Bigot détonne dans un paysage marqué par les conflits successifs, même si certains lui reprochent de vivre « dans un autre monde » que celui qui frappe le pays, celui de « la guerre en Israël ».
Connu pour circuler à moto dans les rues de Tel-Aviv sans garde du corps, ou faire seul de la randonné dans les plaines de Judée, il semble qu'en moins de trois ans le nouvel ambassadeur a réussi à faire l'unanimité auprès d'une communauté française largement divisé avant son arrivée.
Depuis sa prise de fonction en 2009, Christophe Bigot a multiplié les déplacements auprès de la population d'Israël, ses élus, ses personnalités politiques, mais également plus controversé ses religieux orthodoxes. Premier conseiller à l'ambassade de Tel-Aviv lors de la capture du soldat Franco-israélien, Gilad Shalit, Christophe Bigot s'est énormément investi dans ce dossier, multipliant les déplacements politiques et les rencontres avec la famille du soldat et venant à sa rencontre le jour de sa libération, le 18 octobre 2011.
Christophe Bigot s'est également personnellement impliqué dans le dossier Lee Zeitouni, une jeune israélienne tuée à Tel-Aviv en septembre 2011 par un voiture impliquant deux Français ; dans le drame de Toulouse de mars 2012 et dans la question du nucléaire iranien.
« Je suis très heureux de revenir en Israël », avait déclaré avec beaucoup d'émotion le nouvel ambassadeur à la veille de la remise de ses lettres de créance au Président israélien, le 30 septembre 2009. « Représenter la France en Israël, c'est s'inscrire dans plus de soixante ans de relations d'une rare intensité, d'une amitié comme il en existe peu ».
2012, année charnière pour M. Bigot
« J'achève ma sixième année en Israël, dont trois comme ambassadeur dans ce pays si étonnant, énergique, créatif et émouvant et ce sera peut être la dernière », avait annoncé visiblement très ému, Christophe Bigot, lors des célébrations de la bastille, en juillet 2012, à l'ambassade de France en présence de Shimon Peres et Gilad Shalit. A cette annonce, la communauté française avait aussitôt réagi en créant un groupe de soutien sur les réseaux sociaux baptisé « Toda » (merci).
Après trois années à l'Ambassade de France en Israël et alors que sa demande d'extension venait d'être rejetée, Christophe Bigot se préparait à quitter son poste à la fin du mois d'août 2012 et être remplacé par Jérôme Bonnafont. « L'alternance à la tête de l'Etat français n'a pas fait pencher la balance du côté d'une prolongation de la mission de Christophe Bigot, nommé sous la présidence Sarkozy », avait alors déploré le journal Hamodia.
Toutefois, le refus de Jérôme Bonnafont de devenir ambassadeur de France en Israël avait alors permis à Christophe Bigot d'être renouvelé dans ses fonctions pour une année supplémentaire, à la plus grande satisfaction de la communauté française.
En novembre 2012, l'ambassadeur Bigot semble une nouvelle fois sur la sellette. Au lendemain de l'accession de la Palestine comme Etat observateur non-membre de l'ONU, Israël avait annoncé la construction de 3.000 nouveaux logements en Cisjordanie. La France aurait alors envisagé de prendre « des mesures concrètes », allant jusqu'à rappeler son ambassadeur Christophe Bigot confiait des diplomates de l'Union européenne au quotidien israélien Haaretz. A défaut de rappeler son ambassadeur, la France avait finalement convoqué l'ambassadeur d'Israël à Paris. De son côté, Christophe Bigot avait tenté de calmer le jeu en appelant personnellement le Directeur général du ministère des Affaires étrangères israélien pour le convaincre d'abandonner le projet d'implantation.
Christophe Bigot devrait quitter son poste en août 2013. Marié et père de deux enfants, il parle couramment l'anglais, l'allemand et l'arabe.
Vanessa Gondouin-Haustein