Qui pour présider la nouvelle instance de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique ? Selon toutes vraisemblances, ce sera Jean-Louis Nadal, ancien procureur général à la Cour de cassation et fin connaisseur de la justice parisienne.
Cette proposition doit encore être soumise aux commissions des Lois de l'Assemblée nationale et du Sénat. La création de cette instance, qui fait suite à l’affaire Cahuzac et à une volonté de transparence de la vie politique, aura notamment le pouvoir de contrôler les déclarations d’intérêts et de patrimoine des hauts fonctionnaires et des élus.
Agé de 71 ans, Jean-Louis Nadal a débuté sa carrière comme substitut au parquet de Saint-Nazaire en 1970 avant Nantes et Bordeaux puis il devient conseiller technique au cabinet du garde des Sceaux, ministre de la Justice Robert Badinter. Il est chargé des questions de nominations dans la magistrature entre 1983 et 1986.
Nommé avocat général à la cour d’appel de Versailles en 1987 puis à celle de Paris un an plus tard, il devient procureur de la République à Créteil en 1990 où il se penche sur la question de la médiation pénale. Dès janvier 1991, il est procureur général de la cour d’appel de Bastia.
Sa carrière dans la magistrature se poursuit alors qu’il obtient le poste de procureur général de la cour d’appel de Lyon de 1992 à 1996 et d’Aix-en-Provence de 1996 à 1997 avant de s’installer place Vendôme à la tête de l’Inspection des services judiciaires.
En mars 2001, il est nommé procureur général à la cour d’appel de Paris avant d’être promu à la cour de cassation en octobre 2004 où il y restera jusqu’en juin 2011, moment qu’il avait choisi pour faire valoir ses droits à la retraite.
Homme de gauche, il soutient la maire de Lille, Martine Aubry lors de la primaire socialiste pour les présidentielles en 2011 avant de se rallier au candidat François Hollande lors de la présidentielle de 2012. La même année, il avait critiqué le quinquennat de Nicolas Sarkozy et l’état du système judiciaire français qu’il considérait comme « en souffrance »: « Au cours de ce quinquennat, incontestablement, le climat des affaires donne un sentiment de corruption publique, d’impunité, où la justice est invitée à servir plutôt qu’à faire place à la vérité. »
Il est perçu par certains comme un caméléon voire un opportuniste et par d’autres comme quelqu’un qui a « une phénoménale capacité d'adaptation » et un flair hors du commun.
En 2011, au sujet de l’Affaire Tapie-Crédit lyonnais, il avait requis l’ouverture d’une enquête à l’encontre de Christine Lagarde, ancienne ministre de l’économie. Il lui reprochait un abus d’autorité dans le conflit opposant Bernard Tapie au Crédit lyonnais, au sujet de la vente de la compagnie Adidas en 1993.
Le 2 juillet 2013, il avait été missionné par la garde des Sceaux Christiane Taubira pour mener une réflexion sur la modernisation de l'action du ministère public. Jean-Louis Nadal a rendu son rapport le 28 novembre dernier plaidant notamment pour une plus grande indépendance du parquet face à l’exécutif, ce qu’il plébiscite depuis 2007.
Fanny Dassié
Pour en savoir plus :
Affaire Cahuzac, l'électrochoc (Les Echos)
J-L Nadal : On a défiguré la justice (Nouvel observateur)
Affaire Tapie : demande d'enquête sur Christine Lagarde (Le Point)
67 propositions pour moderniser l'action du ministère public (AllGov France)