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Trop gentil… Trop humain… Pierre-René Lemas vient d’être sacrifié par le président de la République en recherche de son gouvernement de combat. Pour ce nouveau virage, il fallait un guerrier au poste du secrétariat général de la présidence de la République. Mais Pierre-René Lemas était un homme de consensus qui ne cadrait plus avec la nouvelle ligne d’un président qui montre les dents. Il a donc été remplacé par Jean-Pierre Jouyet jusqu’alors président de la Caisse des dépôts alors que… Pierre-René Lemas devrait intégrer ce poste. MM. Lemas et Jouyet, tous deux issus de la fameuse promotion Voltaire de l'ENA, échangeraient donc leurs postes.
Rien n’est encore fait toutefois car cette nomination se fait en trois temps. Le Président propose dans un premier temps un nom aux commissions des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat qui est ensuite auditionné par ces commissions qui donneront leur avis. Enfin sauf en cas de veto des parlementaires, déclenché par au moins 3/5ème des membres des commissions, le futur directeur général est nommé par décret présidentiel.
Homme discret et fidèle que ses proches décrivent comme jovial est né le 23 février 1951 à Alger alors que l’Algérie était encore française, au sein d’une famille de pieds noirs libéraux. Il fait des études de droit avant d’intégrer l’Institut d’Etudes politiques de Paris et ensuite l’Ecole Nationale d’Administration. C’est là qu’il se lie d’amitié avec Dominique de Villepin et François Hollande.
Une carrière de haut fonctionnaire au service de l’Etat
C’est en Dordogne qu’il débute sa carrière de sous-préfet pour la poursuivre en 1981 dans le Val de Marne. En 1983, Gaston Deferre alors ministre de l’intérieur du gouvernement de Pierre Mauroy, appelle pierre-René Lemas à entrer dans son cabinet. L’année d’après, Pierre Joxe fraichement nommé en remplacement de Gaston Deferre au ministère de l’intérieur et de la décentralisation, le nomme conseiller technique chargé de la décentralisation et de la déconcentration. En 1986, il est nommé sous-directeur des départements d'outre-mer au ministère des Départements et Territoires d'outre-mer.
Dans les années qui suivent, Pierre-René Lemas alterne entre fonctions préfectorales et haute administration. C’est ainsi qu’en 1988, on le retrouve directeur des collectivités locales au ministère de l’intérieur avant de réintégrer les habits de préfet entre 1992 et 1994 dans l’Aisne. Alternance toujours car à cette date, il devient directeur de l’habitat et de la construction au ministère du logement pour devenir en 1998, le premier directeur général de l’urbanisme, de l’habitat et de la construction au ministère de l’équipement puis directeur général de l’administration au ministère de l’Intérieur en 2000, fonction qu'il quitte en 2003 pour le poste de préfet de Corse du Sud jusqu'en 2006. Il est alors nommé préfet de la région Lorraine, préfet de la Moselle.
Retour aux hautes fonctions de l’Etat
L’élection de Nicolas Sarkozy en 2007, le place un temps hors cadre avant d’être nommé directeur des journaux officiels puis directeur général de Paris Habitat, l’office public de l’habitat de la capitale en 2008. Mais en 2011, Pierre-René Lemas revient à des fonctions plus politiques en devenant le directeur de cabinet du président du Sénat Jean-Pierre Bel juste avant d’être nommé l’année d’après par le nouveau président de la République François Hollande, secrétaire général de la présidence de la République.
Poste qu’il occupe jusqu’au 8 avril 2014 où après la débâcle des municipales, le président annonce son remplacement par Jean-Pierre Jouyet. Le dévoué secrétaire général de la présidence de la République doit alors annoncer lui-même la liste des secrétaires d'État, mercredi 9 avril, depuis le perron de l'Élysée. Jusqu'au bout, Pierre-René Lemas a espéré conserver son poste.
Véronique Pierron