Pierre Moscovici vient d’être nommé commissaire européen aux Affaires économiques. Un poste de poids que briguait la France pour son candidat d’autant plus qu’à l’économie et aux finances se sont ajoutées la fiscalité et les douanes. Mais le président de la Commission Européenne, Jean-Claude Junker, a averti qu’un commissaire ne l’était pas en tant que représentant de son pays. Avertissement qui tombe à pic, le jour même où la France repousse à 2017, son objectif de ramener le déficit public sous la barre des 3% du PIB.
Donc pas de complaisance ni de mansuétude pour la mère patrie de la part du nouveau commissaire européen aux affaires économiques. « Il ne faudra pas mélanger politique nationale et politique européenne (...) Nous ne sommes plus les émanations des Etats membres », a dit l'ancien Premier ministre luxembourgeois. Pourtant, le président de la commission a aussi estimé qu’il lui a « semblé utile que ceux qui doivent connaître les problèmes de certains pays viennent de ces pays-là » avant d’ajouter : « Je ne vais pas entrer dans le détail de la situation budgétaire française (...) mais monsieur Moscovici est bien placé pour contribuer à résoudre ce problème ». Puis Jean-Claude Junker a glissé : « Peut-être nos amis français comprendront mieux le fond, la justification et la nécessité des politiques de consolidation et de croissance que nous devons mettre en place ». A bons entendeurs…
Liberté surveillée
Pour ce qui est de la fonction à proprement parlé, le commissaire Moscovici n’aura peut être pas les coudées franches puisqu’il devra coopérer avec deux vice-présidents, le Finlandais Jyrki Katainen, chargé de l'Emploi, de la croissance, de l'investissement et de la compétitivité, et le Letton Valdis Dombrovskis, chargé de l'Euro et du dialogue social. Bien que Jean Claude Junker ait assuré devant la presse que ces vice-présidents ne seront pas des « superviseurs » mais des « animateurs » et des « coordinateurs », le doute plane et suggère d’une façon très forte qu’ils auront en charge de surveiller les autres commissaires. Car comme l’a souligné le président de la Commission « Ces vice-présidents ont soit une invraisemblable expérience européenne (...), soit ont été Premiers ministres » avant d’ajouter qu’ « Un Premier ministre, c'est quelqu'un qui organise, qui anime une équipe ».
Pierre Moscovici sera donc membre de deux équipes sans en diriger une seule et sera sans doute supervisé par les deux vice-présidents qui auront directement accès à toutes les directions générales. Mais l’ex-ministre de l’économie sera le représentant de l'exécutif européen à l'Eurogroupe, le forum de coordination des politiques économiques de la zone euro mais rien n’est encore décidé sur son rôle dans d’autres instances comme le Fonds monétaire international ou le G20 Finances. « Nous verrons les autres représentations que nous devrons organiser, elles dépendront largement des ordres du jour (...) mais monsieur Moscovici aura évidement une place de choix dans la distribution des représentations extérieures de la zone euro », a assuré le président de la Commission Européenne.
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
L’objectif de ramener le déficit public sous la barre des 3% du PIB repoussé par la France (Nouvel Obs)
Jyrki Katainen (Euractiv)
Valdis Dombrovskis (Le Monde)