Harlem Désir, l’ex de SOS racisme prend les rênes du Parti socialiste

jeudi 13 septembre 2012

La fumée blanche s’est enfin échappée des cheminées de la rue Solférino en fin de matinée ce mercredi 12 septembre. And the winner is…. Harlem Désir, numéro 2 du PS depuis 2008. Le candidat de la présidence a gagné face à celui de Martine Aubry qui lui préférait Jean-Christophe Cambadélis. L’homme s’est tout de suite déclaré «fier et honoré». Il ne pouvait pas faire moins. Il a ensuite souhaité voir un Parti socialiste «engagé, utile et innovant». Une pique décochée à Mme Aubry ?

C’est un homme sage au verbe prudent que le Parti socialiste vient de désigner, un homme qui semble fuir la médiatisation comme planqué derrière le cerclage un peu sévère de ses lunettes. Il s’est forgé au fil des années une réputation de gestionnaire alliée à celle d’une proximité avec les militants. Mais, certains lui reprochent son manque de charisme et dans les couloirs du PS, il se chuchote qu’il souffre d’une propension à la langue de bois. On admet aussi qu’il ne suscite pas vraiment l'enthousiasme.

Touche pas à mon pote !

Mais où s’est donc réfugié le truculent défenseur des droits de l’homme qui, dans les années 80, agitait sa tignasse afro et sa grande gueule dans tous les parterres de presse ? Harlem Désir… Un nom prédestiné à la défense des minorités qui l’a bien entendu mené tout droit vers l’association SOS Racisme dont il fut le président pendant 8 ans. Juste après une licence de philo qui lui conférait une certaine légitimité… Un passage qui s’est parfois soldé par la trace indélébile de la main jaune « touche pas à mon pote » collé et plaqué à l’envie, sur les sacs et les cartables. Tenue de camouflage dont il reste parfois encore, un souvenir au fond d’un placard. Et à cette époque, Harlem était même salué par Pierre Berger alors tout puissant faiseur de réputation – et entre autres, sponsor de SOS racisme - qui disait de lui : « Harlem Désir est un des moments de la conscience humaine. Il est aussi un des moments de l'honneur de la France ».

Retour au sérieux et à la sagesse du pote mûr

En quittant la tête de SOS racisme en 1992, il tombe aussi son habit de lumière et entre dans celui plus étroit, de l’homme engagé mais… responsable. Après un passage éphémère à Génération écologie, il rejoint les rangs du parti socialiste en 1994. C’est là qu’il obtient son premier mandat en 1999 comme député européen. Il sera réélu à ce poste à chacune des trois élections qui se sont succédées. C’est lors de son  engagement européen qu’il se spécialise sur les questions de mondialisation. Il est à l’origine d’un amendement en faveur de la taxe Tobin pour « donner des moyens financiers supplémentaires aux pays en développement de lutter contre la pauvreté et de soutenir des mesures favorisant leur développement social et économique ». Amendement rejeté qui le remet dans une phase plus Hexagonale, puisqu’il est nommé secrétaire nationale chargé de la coordination après l’élection de Martine Aubry. Un poste considéré comme celui de « numéro deux » du PS. Puis, gravissant une nouvelle marche après l’annonce de la candidature de Martine Aubry aux primaires socialistes, il est nommé le 30 juin 2011 premier secrétaire délégué du PS et président du Conseil national d'organisation des primaires (CNOP) par le conseil politique. Il assumera la direction du parti jusqu'à la fin de la primaire.

Mais… Mais cet homme qui semble si vertueux possède une face obscure qu’il s’est appliqué à faire oublier au cours de toutes ces années. Le 17 décembre 1998, il est condamné à 18 mois de prison avec sursis et 30.000 francs d'amende pour recel d'abus de biens sociaux alors qu’il était encore président de SOS Racisme. On chuchote – encore – qu’il aurait aussi bénéficié d'une amnistie de François Mitterrand concernant une dette de 80.000 francs au Trésor public, relative à des amendes de stationnement (décision de justice du 9 mai 1992) alors qu'il était président de SOS Racisme...

Véronique Pierron

Laisser un commentaire