Quel bilan pour Aurélie Filippetti ? La ministre de la culture qui a annoncé à François Hollande et à Manuel Valls son renoncement à briguer un nouveau poste ministériel, laisse à son successeur le dossier brûlant des intermittents du spectacle en lutte contre le nouveau protocole d’assurance chômage conclut le 22 mars et un budget de la culture en berne. Déjà lors de la formation du premier gouvernement Valls, elle avait été reconduite de justesse à son poste. Mais la brune Filippetti n’a jamais été en phase avec la politique de Valls et a préféré cette fois, jeter l’éponge en déclarant : « Je choisis pour ma part la loyauté à mes idéaux ». Idéaux plutôt à la gauche du parti socialiste à laquelle appartiennent aussi Arnaud Montebourg et Benoit Hamon, les ministres frondeurs qu’elle avait ouvertement soutenus dimanche sur twitter en envoyant ce message : « Je souhaite une belle journée à #Frangy2014 à @montebourg et @benoithamon ». Journée qui avait déclenché la démission du gouvernement décidée lundi.
Un budget grignoté par les économies
Mais comment briller à un tel poste quand on n’a eu ni le budget d’un Jack Lang, ni même celui d’un Frédéric Mitterrand ? Face à un gouvernement qui mène une politique budgétaire drastique au niveau des économies et des réductions de budget, le ministère de la culture a été l’un des premiers touchés par l’austérité. Aurélie Filippetti reconnait elle-même avoir « dû subir une baisse sans précédent du budget du ministère de la Culture, pourtant symbole de la gauche, pendant deux années consécutives ». Et de fait, les subventions des grands musées que ce soit le Louvre, le château de Versailles ou encore Orsay ont été l’objet d’une réduction significative de leurs subventions. En bref, la politique du patrimoine a été particulièrement touchée pendant ces deux années mais la crise avait imprimé dans ces choix des cas de force majeure. Or dans ces conditions, imprimer sa griffe dans un ministère prestigieux est difficile.
Tonnerre chez les intermittents
Par contre, la jeune femme a eu à affronter le tonnerre des intermittents du spectacle en guerre contre la réforme de leur régime d’assurance-chômage. Peu après son renoncement, lundi, à briguer un nouveau mandat de ministre, elle a dit à la presse s’être adressé immédiatement à Jean Marc Ayrault sur la teneur de l’accord en lui signifiant que « ce n’était pas conforme à nos engagements ». Mais Manuel Valls a réagi au mécontentement des intermittents en passant outre la ministre. Ainsi, craignant la perturbation des festivals de cet été, Matignon a géré en direct la crise en désignant en juin, un médiateur puis l’ouverture d’une concertation censée remettre des propositions sur le statut des intermittents au gouvernement avant fin décembre.
Des réformes qui restent dans les cartons
A l’actif de la ministre, l’obtention de l'exclusion du secteur audiovisuel français du mandat des négociations commerciales entre l'Union européenne et les Etats-Unis. Mais Aurélie Filippetti a aussi à son crédit la loi sur l’indépendance de l’audiovisuel par laquelle elle réforme la composition d’un Conseil supérieur de l’audiovisuel pour lui redonner le pouvoir de nomination des dirigeants d’entreprises du secteur. Elle abroge ainsi, une loi adoptée sous Nicolas Sarkozy qui avait attribué ce pouvoir à l’Elysée. La ministre a aussi réformé la loi Hadopi en faisant supprimer la coupure d’accès à Internet en cas de téléchargement illégal. Reste qu’en faisant ses cartons, la ministre laisse en suspens un projet de loi sur la création qui n’a pas été présenté mais aussi un autre sur le patrimoine qui vise notamment à simplifier un système de protection jugé trop complexe.
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Intermittents du spectacle (Le Monde)
La démission du gouvernement (Le Monde)
Un médiateur pour gérer la crise des intermittents (L'Expansion)
Loi sur l’indépendance de l’audiovisuel (Legifrance)
La loi Hadopi (Hadopi.fr)