Fils d’un couple de médecins, Emmanuel Macron naît à Amiens le 21 décembre 1977. Il y passe toute son enfance, élevé chez les Jésuites de la Providence et fréquentant des familles bourgeoises. A 16 ans, il fait sa terminale à Paris, au lycée Henri IV et obtient son bac S avec mention très bien avant de poursuivre dans les plus grandes écoles françaises qui forment les élites : prépa littéraire, Sciences Po (2001), DEA de philosophie puis l’ENA d’où il sort diplômé en 2004 et classé 5e de sa promotion.
A 24 ans, il prend sa carte du PS, inspiré par sa grand-mère, directrice de collège, qui appartient à « cette gauche concrète qui prône l’émancipation par l’éducation et le travail, » selon ses propres mots. Emmanuel Macron a toujours été un boulimique de la connaissance, intéressé aussi bien par la philosophie, l’économie, l’histoire que les relations internationales.
« Ma grande rencontre intellectuelle fut, alors que j’étais encore en khâgne, celle de Paul Ricoeur [...] Nous sommes entrés dans une forme de dialogue intellectuel qui s’est progressivement cristallisé et qui a duré presque quatre ans. Période pendant laquelle j’ai participé à l’accouchement de ‘La Mémoire, l’Histoire et l’Oubli’ », se souvient -il lors d’un entretien pour le journal de Sciences Po.
En 2002, il part six mois au Nigeria pour son stage de l'ENA à l'ambassade de France avant d’entrer à l’Inspection des Finances en 2004 pour trois ans tout en obtenant en parallèle un 3e prix de piano du Conservatoire d’Amiens.
En 2006, il devient le chargé de mission de Jean-Pierre Jouyet, actuel secrétaire général de l'Elysée. Ce dernier ne manque pas d’esquisser un sourire lorsqu’il annonce la nomination de Macron à la tête du ministère de l’économie.
En 2007, Emmanuel Macron est rapporteur de la Commission pour la libération de la croissance française, présidée par Jacques Attali, l’ancien conseiller spécial de François Mitterrand qui le présentera à François Hollande lors d’un dîner chez lui. En tant que secrétaire de la Commission, il a participé à la préconisation de la libéralisation des professions réglementées, sujet qui tient à cœur au gouvernement actuel.
Puis entre septembre 2008 et mai 2012, recruté par François Henrot au bout d’une heure d’entretien, il rejoint le privé en tant que banquier d'affaires (directeur aux affaires financières) chez Rothschild : « Ce qui m’a séduit au moment de rejoindre Rothschild c’est ce mélange de capacités d’analyse, de jugement et de réactivité qui vous est demandé. » A 33 ans, il gagne des fortunes et devient millionnaire en tant qu’associé gérant de la banque Rothschild, conseillant notamment la société Atos pour le rachat de Siemens IT, la société Nestlé pour le rachat d’une filiale de Pfizer et le groupe Lagardère pour la vente de ses magazines internationaux.
A la même époque, il entretient des liens étroits avec la gauche intellectuelle en tant que membre du comité de rédaction de la revue Esprit. Il est également rapporteur sur la mondialisation à la fondation Jean Jaurès, un think tank proche du PS et poursuit son activité politique au sein d’un autre think tank En Temps Réel.
Lorsque François Hollande est élu Président de la République en mai 2012, Macron quitte les Etats-Unis et son salaire plus que confortable pour les bancs de l’Elysée après une offre de François Hollande. Il est nommé secrétaire général adjoint de la présidence de la République et seconde Pierre-René Lemas dans ses fonctions de nouveau secrétaire général. Egalement conseiller économique de François Hollande, Emmanuel Macron est le grand artisan des baisses d'impôts et de charges pour les entreprises, le crédit d’impôt-compétitivité, et a tenu un rôle clé dans le dossier Alstom. Il incarne l'aile droite du Parti Socialiste, d'inspiration sociale-démocrate.
Si son parcours est insolite, sa vie privée l’est tout autant. Le nouveau ministre a épousé en 2007 Brigitte Trogneux, de 20 ans son aînée et mère de trois grands enfants nés d’une précédente union. Elle était son professeur de français quand il était alors au lycée. A 36 ans, Emmanuel Macron est déja grand-père.
Avec cette nomination, François Hollande et Manuel Valls donnent un signal fort : ils entendent bien reprendre en main la politique économique de la France en s’appuyant sur un esprit fort, inconnu du grand public, mais principal interlocuteur des chefs d'entreprises qui ont confiance en lui. En septembre 2012, il était même surnommé le « chouchou des patrons » par le magazine Challenges.
Il s’en est fallu de peu pour que cela ne se produise pas. En effet, Emmanuel Macron avait quitté l’Elysée en juin cette année, désireux d’agir et pas seulement de conseiller. Il souhaitait s’orienter vers une nouvelle voie, une de plus, celle de l’enseignement dans des universités européennes.
Cette nomination en tant que ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique l’a fait changer d’avis. Il va désormais pouvoir se confronter directement au patronat notamment.
Fanny Dassié
Pour en savoir plus :
Biographie (Sciences Po)
Le jeune loup de l'élysée qui rassure les patrons (Challenges)
L'hémisphère droit de François Hollande (Nouvel Obs)