Pour Guillaume Garot, la politique est une affaire de famille. Entre un père député européen, Georges Garot, et un cousin ancien ministre, Pierre Méhaignerie, il s’engage très jeune en politique. Celui qui a dérobé le fief de l’UMP, la Mayenne, à l’inamovible François d’Aubert, est un proche de Lionel Jospin avant de devenir un fidèle de Ségolène Royal : il est son porte-parole en 2009 et rejoint ensuite l’équipe de François Hollande, en tant que son représentant, en 2011. Au sein du parti, il occupe le poste de secrétaire national au commerce et à l’artisanat. Si le père, agriculteur de profession, était secrétaire national du PS en charge des questions d’agriculture et du monde rural, le fils est en charge de l’agroalimentaire, en tant que ministre délégué depuis sa nomination du 21 juin dans le gouvernement Ayrault II. Il le proclame, sa méthode c’est « le dialogue » et « l’écoute ».
Guillaume Garot est né le 29 mai 1966 à Laval d’une mère infirmière et d’un père agriculteur. De ce dernier, il héritera du goût pour la politique - Georges Garot est syndicaliste et secrétaire national du PS en charge de l’agriculture et du monde rural avant de devenir député européen et de présider la Maison de l’Europe en Mayenne.
Il grandit en Mayenne et après ses études secondaires au lycée Douanier Rousseau à Laval, il poursuit son cursus en classe préparatoire au lycée Chateaubriand à Rennes. Il intègre ensuite l’Institut d’études politiques de Paris, dont il sort diplômé en 1991. Dès le début de ses études, il s’implique en politique et adhère au Parti socialiste en 1985, alors qu’il n’a que 19 ans.
Il débute sa carrière professionnelle dès 1989 en tant que chargé d’études au centre d’information sur la formation professionnelle, puis au sein du CRIDEL (centre de rencontre et d’initiatives pour le développement local) en 1990. Au sein de cette même association nationale, il devient, en 1992, chargé de mission responsable du pôle développement territorial.
Ses véritables débuts dans le monde politique, il les doit à Lionel Jospin, qui lui « a appris la rigueur » et à Daniel Vaillant. Il dira d’ailleurs : « Je dois beaucoup à Daniel Vaillant, j’ai une grande admiration pour Lionel Jospin ». En 1995, alors qu’il travaille à la campagne de Lionel Jospin « le soir après le boulot », il rencontre Daniel Vaillant qui lui propose de rejoindre son équipe. Tout d’abord, à la mairie du 18ème arrondissement de Paris, il occupe le poste de directeur de cabinet. Puis, à partir de 2000, alors que Daniel Vaillant, jusque là ministre des Relations avec le Parlement, devient ministre de l’Intérieur, il est nommé conseiller à son cabinet ministériel (jusqu’en 2002).
En 2001, retour à la mairie, celle de Laval cette fois, où il est battu par son grand rival François d’Aubert, et devient conseiller municipal à la tête de l’opposition.
2002 marque l’année des défaites. Après l’élimination de Lionel Jospin au premier tour de l’élection présidentielle, chef de file de l’opposition, dès 2002, il tente de ravir la 1e circonscription de la Mayenne à l’inamovible François d’Aubert, mais sans succès. Il qualifie cette séquence comme « la période la plus triste de ma vie ».
Mais c’est également en 2002 qu’il rejoint la mairie de Paris, d’abord en charge de la préparation des discours et des interventions publiques, auprès de Bertrand Delanoë, puis en tant que conseiller politique auprès de son adjoint chargé des questions de sécurité, Christophe Caresche, de 2005 à 2007.
En 2004, ce premier secrétaire fédéral du PS de la Mayenne est également élu conseiller général de la Mayenne.
C’est finalement en 2007 qu’il remporte les élections législatives dans ce fief du candidat UMP, François d’Aubert, depuis 1978 (avec 50,63% des suffrages au second tour). Il abandonne alors son mandat de conseiller municipal afin de se consacrer à sa fonction de député. Au sein de l’Assemblée nationale, il fait partie de la commission des affaires économiques, de l’environnement et du territoire et de la commission de la défense nationale et des forces armées. Il est également membre de plusieurs groupes d’études, notamment celui consacré à la contrefaçon, dont il est vice-président, ou encore celui dédié à l’agro-alimentaire et à la filière agricole. Concernant les groupes d’amitié, il siège à ceux de Guinée, du Qatar et de Tunisie.
En 2008, seconde victoire face à son éternel rival, François d’Aubert. Il conquiert la mairie de Laval, pour laquelle il démissionne du conseil général, et devient président de la communauté d’agglomération de Laval.
Au sein du parti, contre toute attente, après avoir soutenu Lionel Jospin, il se tourne vers Ségolène Royal. Pour lui : « Ce fut une vraie remise en cause, j’étais de la famille Jospin, je connaissais par cœur tous les arguments contre elle, mais je voyais autour de moi les gens me dire qu’elle était différente, qu’elle incarnait l’espoir. » Dès 2006, il est l’un des plus fervents soutiens de Ségolène Royal dans la course à l’Élysée et devient, lors des primaires socialistes de 2009, l’un de ses porte-parole (avec Delphine Batho et Najat Vallaud-Belkacem). À la victoire de François Hollande, il rejoint son équipe afin de représenter sa championne. En effet, il fait partie des quatre « représentants des candidats » aux primaires intégrés à l’équipe de campagne.
Sorti à nouveau victorieux de la bataille des législatives de 2012 (avec 58,47% des suffrages), il envisageait de prendre la tête de la commission de la défense selon Ouest France, mais après sa nomination du 21 juin 2012 en tant que ministre délégué à l’Agroalimentaire auprès de Stéphane Le Foll, sa suppléante, Sylvie Pichot, devra le remplacer à l’Assemblée nationale. En outre, s’il reste conseiller municipal de Laval, il n’en est désormais plus le maire.
Anne-Laure Chanteloup