Rien ne laissait présager que George Pau-Langevin entrerait dans le gouvernement Ayrault I. Pourtant, depuis le 16 mai 2012, elle est ministre déléguée auprès du ministre de l’Éducation Vincent Peillon, chargée de la Réussite éducative. Selon un décret paru au Journal officiel, elle « traite des questions relatives à la préparation et à la mise en oeuvre des mesures propres à favoriser la réussite scolaire de tous les élèves ». Comme les « actions d'accompagnement éducatif conduites dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires », les « dispositifs d'orientation », la « prise en charge des élèves les plus en difficulté » ou encore « l’intégration des élèves handicapés ».
Née le 19 octobre 1948 à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe de parents enseignants, George Pau-Langevin arrive à Paris à l’âge de 17 ans pour étudier les lettres à la Sorbonne et le droit à Assas grâce à une bourse préfectorale. Diplômes en poche, et après avoir prêté serment en 1971, elle travaille avec Marcel Manville, un avocat martiniquais connu pour être un fervent défenseur des Droits de l’Homme. Ce sera le point de départ de ses combats en faveur des minorités et des populations d’Outre-mer. À ses côtés, elle découvre la dure réalité à laquelle est confrontée la communauté antillaise à Paris.
George Pau-Langevin s’investit ensuite au sein du MRAP, le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples, cofondé par Marcel Manville. Avocate dans un premier temps de l’association, elle en prendra la présidence quelques années plus tard entre 1984 et 1987. Son combat, elle le poursuit au sein de l’Agence nationale de promotion et d’insertion des travailleurs d’Outre-mer. Elle est directrice générale de l’ANT de 1989 à 1993 puis de 1997 à 2001. Elle s’occupe alors des questions de migration et d’insertion de ses compatriotes.
Dans le même temps, George Pau-Langevin milite au Parti socialiste, encartée depuis 1975. En 1989, elle est élue conseillère du 20ème arrondissement de Paris puis, en 1992, conseillère régionale d’Île-de-France. En 2001, elle rejoint le cabinet de Bertrand Delanoë, qui vient alors d’être élu maire de la capitale. Les deux personnalités politiques se connaissent et s’apprécient. Alors lorsqu’il lui demande de venir travailler avec, elle n’hésite pas une seule seconde. Et la voilà déléguée générale à l’Outre-mer. C’est à ce moment qu’elle fait changer le nom d’une rue du 1er arrondissement de Paris : la rue Richepanse – un général qui a rétabli l’esclavage en Guadeloupe en 1802 – en rue du Chevalier-de-Saint-George – défenseur des Droits de la personne et abolitionniste engagé. L’un de ses plus grands faits d’arme comme elle le dit elle-même.
Depuis 2007, George Pau-Langevin est députée de Paris, réélue avec plus de 73% des voix cinq ans plus tard. À l’Assemblée nationale, elle a en charge, dans un premier temps, les questions d’immigration et de co-développement. Elle est alors en première ligne pour combattre le projet de loi relatif à la maîtrise de l’immigration, qui prévoyait des tests ADN dans le cadre de la procédure du regroupement familial. Par la suite, elle est amenée à travailler sur les questions de justice, et notamment l'accès au droit, la justice des mineurs et la participation des citoyens au fonctionnement de la justice.
George Pau-Langevin a aussi vécu des campagnes présidentielles de l’intérieur. La première en 1995 aux côtés de Lionel Jospin. Lui est candidat, elle, porte-parole. En 2012, elle rejoint l’équipe de campagne de François Hollande, où elle est responsable des questions sociétales.
Première femme noire à être élue députée en métropole, George Pau-Langevin espère bien « que d'ici quelques années, on ne se posera plus la question de la place des Noirs dans la vie politique, parce qu'à tous les niveaux, il y aura des Noirs aux responsabilités ».
Caroline Moisson