Le ministre des Affaires étrangères, a annoncé mardi la nomination d’Alain Richard en tant que représentant spécial pour les Balkans. Il a précisé qu’il avait, depuis son entrée en fonction, « vraiment mis l’accent » sur une thématique « qui revient sans cesse et qui est évidemment essentielle » : la diplomatie économique. Et c’est « dans cet esprit » qu’il a désigné plusieurs personnalités comme « représentants personnels ».
Laurent Fabius a déclaré avoir constaté, lors de sa visite avec François Hollande dans les Balkans – le président de la République a participé à un sommet informel avec les pays des Balkans occidentaux, le 25 juillet en République de Slovénie - que l’ensemble de la région, c’est-à-dire 25 millions de personnes et huit pays concernés – Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Kosovo, Monténégro, Macédoine et Albanie - « était très demandeur d’une présence économique plus importante de la France ». C’est pourquoi il a demandé à l’ancien ministre de la Défense de Lionel Jospin, « qui connaît bien cette partie du monde, d’être désormais [son] représentant dans l’ensemble de ces pays. » Le sénateur socialiste devra promouvoir les échanges économiques de la France avec les Balkans, « une région de conquête pour nos entreprises » qui peut compter, « dans les années à venir, sur un potentiel de croissance de l’ordre de 3% » selon Philippe Chatignoux, chef du service économique régional de Sofia qui couvre la zone Danube Balkans.
Des dispositifs en faveur d’une priorité : la diplomatie économique
En août 2012, Jean-Pierre Raffarin était nommé représentant spécial chargé de l’Algérie alors que Louis Schweitzer – ancien patron de Renault – se voyait attribuer le Japon et Martine Aubry, la Chine. Après la désignation, en juin dernier, de Jean-Charles Naouri - PDG de Casino – comme représentant pour le Brésil, Alain Richard devient le neuvième représentant spécial du ministre à l’étranger pour la diplomatie économique, l’une des priorités de Laurent Fabius.
Ces représentants spéciaux à l’étranger, « des personnalités pouvant faciliter les relations économiques », font partie des dispositifs ayant pour but de renforcer la diplomatie économique française. À l’instar des nouveaux « ambassadeurs en région » mis en place en février, leur objectif est notamment « d’appuyer les entreprises françaises à l’export et d’agir pour l’attractivité de la France ».
« De parfaits points d’entrée » et « de puissants relais d’influence vers les décideurs publics et privés »
Selon le Quai d’Orsay, ces représentants spéciaux ont pour mission de « développer les relations économiques bilatérales avec quelques partenaires-clés » de ces pays ou zones géographiques qu’ils « connaissent particulièrement bien et avec lesquels ils entretiennent des relations privilégiés ».
« En étroite collaboration avec les ambassadeurs, les services du ministère des Affaires étrangères et de l’ensemble de l’État », ils doivent « concourir à la mobilisation des acteurs publics et privés en faveur de la relation politique, économique, commerciale, scientifique et culturelle avec le pays qui leur est dévolu. » Mais, outre leur mission de « réflexion sur les enjeux liés aux conditions d’accueil en France des communautés d’affaires étrangères » – élément clé de son attractivité - ils constituent, « pour les entreprises, de parfaits points d’entrée et/ou de puissants relais d’influence vers les décideurs publics et privés des pays concernés. »
Un domaine spécifique peut être particulièrement ciblé en fonction des spécialités de la personnalité nommée. Entre autres, Martine Aubry s’investit particulièrement dans la filière de la « ville durable » en Chine ; Louis Schweitzer « se focalise (…) sur les investissements croisés avec le Japon et la place des PME dans les échanges commerciaux qui constituent une priorité pour nos deux pays » ; Philippe Faure « se concentre sur la mise en place d’un conseil de haut niveau franco-mexicain (…) et explore la possibilité de créer un fonds franco-mexicain d’investissement dans le secteur des hautes technologies » ; ou encore Paul Hermelin, « veille au développement des exportations françaises en Inde dans les domaines du développement durable ». Alain Richard sera, lui, chargé de développer les relations économiques entre la France et les Balkans.
Alain Richard, l’indéboulonnable maire de Saint-Ouen l’Aumône
Alain Richard a notamment eu à connaître les Balkans en tant que ministre de la Défense dans le gouvernement Jospin. Il a été nommé en juin 1997, alors que la crise dans la région prenait fin.
Né le 29 août 1945, Alain Richard est diplômé en droit public, de l’Institut d’études politiques de Paris et de l’École nationale d’administration (promotion Thomas More de 1971). Syndicaliste durant ses études, il s’engage tout d’abord au Parti socialiste unifié en 1963, puis adhère au Parti socialiste en 1975, au sein duquel il sera membre du conseil national à partir de 1983, avant de devenir membre du bureau national en 1988 et du bureau du parti socialiste européen en 2003.
Il intègre le Conseil d’État comme auditeur en 1971, avant de devenir conseiller d’État en 1993. Parmi ses mandats, ce maire indéboulonnable de Saint-Ouen l’Aumône depuis 1977 – mandat qu’il n’exercera pas entre 1997 et 2002 pour occuper les fonctions de ministre de la Défense – est élu député du Val-d’Oise en 1978. Il est également président du syndicat d’agglomération nouvelle de Cergy-Pontoise entre 1989 et 1997. Son expérience à l’Assemblée nationale, dont il est vice-président entre 1987 et 1988, prend fin en 1993, année de son retour au Conseil d’État. En 1995, il retrouve son costume de parlementaire du Val-d’Oise, mais cette fois au Sénat. Il y siège jusqu’en 1997. Il est reconduit dans ses fonctions en 2011 et, outre sa participation à diverses commissions, il occupe les fonctions de vice-président du groupe socialiste au palais du Luxembourg.
Anne-Laure Chanteloup
Pour en savoir plus :
Déplacement en République de Slovénie (Présidence de la République)
Lettre n° 22 Europe du Sud-est de juillet 2013 (Direction générale du Trésor)
Aubry et Raffarin en mission diplomatique (par Véronique Pierron, AllGov France)
Des "ambassadeurs en région" pour renforcer la diplomatie économique (par Anne-Laure Chanteloup, AllGov France)
Des représentants spéciaux du ministre à l'étranger pour la diplomatie économique (ministère des Affaires étrangères)
Ministère des Affaires étrangères (AllGov France)
Biographie Laurent Fabius (AllGov France)
Alain Richard, sénateur du Val-d'Oise (fiche du Sénat)