À une demi-heure d’intervalle, mardi soir, deux communiqués de l’Élysée tombent. Il est 19 heures lorsque François Hollande annonce « mettre fin aux fonctions de Jérôme Cahuzac, ministre délégué auprès du ministre de l’économie et des finances, chargé du budget ». « À sa demande », est-il précisé dans le communiqué. À 19h30, second communiqué dans lequel le président « remercie Jérôme Cahuzac pour l’action qu’il a conduite depuis mai 2012 comme ministre du Budget pour le redressement des comptes de la France. Il l’a fait avec talent et compétence ». Et de saluer la décision prise « pour mieux défendre son honneur ».
Une démission contrainte et forcée. Sous pression de la justice. Car cette démission de Jérôme Cahuzac intervient quelques heures après l’annonce par le parquet de Paris de l’ouverture d’une information judiciaire « contre personne dénommée des chefs de blanchiment de fraude fiscale, perception par un membre d'une profession médicale d'avantages procurés par une entreprise dont les services ou les produits sont pris en charge par la Sécurité sociale, blanchiment et recel de ce délit ». Mediapart accuse Jérôme Cahuzac d’avoir détenu un compte en Suisse afin de dissimuler des revenus au fisc. Le site d’informations s’appuie notamment sur un enregistrement audio, et dont la voix serait celle de Jérôme Cahuzac.
L’ancien ministre a toujours nié avoir possédé un compte en Suisse. Et après sa démission « par respect pour le bon fonctionnement tant du gouvernement que de la justice », il a réaffirmé son innocence dans un communiqué. « Cela ne change rien ni à mon innocence ni au caractère calomniateur des accusations lancées contre moi et c’est à le démontrer que je vais désormais consacrer toute mon énergie. »
Jérôme Cahuzac est le premier ministre du gouvernement Ayrault à démissionner. C’est Bernard Cazeneuve, alors ministre délégué aux Affaires européennes, qui lui succède au poste de ministre du Budget. « Cette succession qui s'opère était la meilleure possible compte tenu des circonstances », a déclaré le ministre de l'Économie et des Finances Pierre Moscovici, présent mercredi à la passation de pouvoirs. Bernard Cazeneuve est lui remplacé par Thierry Repentin, qui était ministre délégué à la Formation professionnelle. Ce dernier n’est pas remplacé, et la formation professionnelle est confiée au ministre du Travail Michel Sapin.
Caroline Moisson