L’Opéra de Paris changera de direction en 2014, soit un an avant ce qui était initialement prévu, et l’on sait depuis longtemps qui occupera cette fonction. Il s’agit de Stéphane Lissner, ancien directeur général du Théâtre du Châtelet parisien de l’Orchestre de Paris, et actuel directeur artistique du Teatro alla Scala de Milan. L’homme, qui est aussi le premier non italien à diriger le théâtre milanais, est surtout connu pour sa gestion pragmatique des grandes scènes, également auréolé d’avoir redressé en quelques années les comptes de la prestigieuse Scala milanaise. Depuis son arrivée en 2005, « le nombre de représentations a doublé, ses recettes sont passées de 15 à 32 millions d'euros et son déficit prévu début 2012 à 7 millions d'euros est tombé à 4,5 », étaye Cécile Quéguiner, journaliste à France Info. En juillet dernier, il avait même consenti à s’impliquer personnellement dans les économies du théâtre en réduisant notablement son salaire. Cet ancien élève du lycée Henry-IV, aujourd’hui Chevalier de la légion d’honneur, viendra donc hériter de la lourde mission que lui cède sans broncher son prédécesseur, Nicolas Joel : celle de faire perdurer l’éclat de l’Opéra de Paris dans un contexte économico budgétaire particulièrement tendu.

Dès octobre 2012, Nicolas Joel avait affirmé qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat à la tête de l’Opéra. Dans un entretien avec le JDD, il en avait clairement exprimé les raisons : “C’est une décision que j’ai prise après avoir appris la trajectoire budgétaire de l’Opéra pour les prochaines années. C’est-à-dire une baisse des subventions de 2,5% en 2013, autant en 2014 et en 2015. À tout cela s’ajoute, en 2013 une ponction de 3,7 millions sur les réserves financières de l’Opéra.” Une restriction budgétaire ordonnée par Aurélie Filipetti, la ministre de la culture, et particulièrement mal vécue par le dirigeant de l’Opéra. “Ce n’est plus un travail artistique mais de comptable. Je n’ai rien contre les comptables, mais ce n’est pas pour cela que j’ai été nommé à la tête de l’Opéra ! J’essaie de faire en sorte que l’offre artistique ne soit pas trop affectée.”

Si Stéphane Lissner prendra les rênes de l’Opéra dès août 2014, c’est que le ministère de la Culture est impatient de le voir prendre ses fonctions. Or, depuis que l'Autrichien Alexander Pereira a été nommé à la tête de la Scala de Milan, il est entièrement libre de se consacrer à l'Opéra de Paris qui demeure la plus grosse scène lyrique du monde rappelle Le Monde, avec 1 500 salariés, deux salles (Bastille et Garnier) et 4 500 places disponibles.

Mathilde Leleu

Pour en savoir plus :

Stéphane Lissner prendra la tête de l'Opéra de Paris en 2015 (France Info)

Nicolas Joel renonce à l'Opéra de Paris (JDD du 6 octobre 2012)

Stéphane Lissner prendra les rênes de l'Opéra de Paris avec un an d'avance (Le Monde M)