Après l’affaire Cahuzac, comment Thomas Thévenoud a-t-il pu penser qu’il passerait au travers ? C’est tombé hier, Matignon annonçait que le tout nouveau secrétaire d’Etat au Commerce extérieur avait « des problèmes de conformité avec les impôts ». Depuis l’affaire Cahuzac en effet, les ministres sont contrôlés pour faire montre de leur probité et c’est ainsi que le communiqué poursuit : « Dans le cadre des nouvelles normes mise en place par le gouvernement dans le cadre de la transparence de la vie politique, il s’est avéré qu’il y avait un problème de déclaration d’impôt ». Manuel Valls et le Président de la République se sont parlés au téléphone en décidant d’un commun accord de la démission du secrétaire d’Etat. La Premier ministre « a considéré que, suite à une situation découverte après sa nomination, M. Thévenoud ne pouvait poursuivre sa fonction. Le Premier ministre et M. Thévenoud ont convenu que ce dernier devait remettre sa démission », a déclaré le cabinet du chef du gouvernement. Matignon a refusé d’en dire davantage, indiquant que M. Thévenoud aurait « l’occasion de préciser les motifs de sa démission ».
Le dénonciateur des fautes… des autres
Le motif de ce départ précipité, neuf jours seulement après sa nomination ? Des « retards de déclaration et de paiement » au fisc. Thomas Thévenoud aurait oublié de déclarer ses revenus pendant plusieurs années et « est soumis à une procédure de taxation d'office ». Une réalité qui prête à sourire quand on sait qu’il a fait partie de la mission d’enquête parlementaire sur la gestion par l’État de l’affaire Cahuzac. D’ailleurs le 26 juin 2013 sur RTL, il déclarait alors que lui-même ne payait déjà plus ses impôts : « Jérôme Cahuzac ? J'ai une question toute simple à lui poser : pourquoi a-t-il menti à la représentation nationale? Pourquoi il s'est menti à lui-même ? ». Mais le député de Saône-et-Loire n’en était pas à sa première déclaration et avertissement sur l’évasion et la fraude fiscale. Ainsi, le 22 janvier 2014, le député Thévenoud concluait ainsi, une question au gouvernement sur la fraude fiscale : « Chaque euro pris sur l'évasion fiscale, c'est un euro de moins prélevé sur l'ensemble des Français et surtout les plus modestes ». Le désormais ancien secrétaire d’Etat souffre peut être d’un complexe qui le place au dessus des lois ? En tous les cas, cette affaire frottée à celle du livre choc de Valérie Trierweiler n’arrange pas les affaires d’un pouvoir déjà bien affaibli qui se serait passé de ce nouveau fait divers qui entache un peu plus sa réputation et sa crédibilité.
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
La transparence de la vie politique (Haute autorité pour la transparence de la vie publique)
Question au gouvernement sur la fraude fiscale (Assemblée nationale)