Le projet de budget 2015 n’est pas un budget facile. D’abord, il affiche un endiguement plus laborieux que prévu des déficits et reste coincé entre les exigences de Bruxelles et une opinion hostile. Déjà, ce projet de budget présenté mercredi par le gouvernement, prévoit une légère baisse du déficit budgétaire à 4,3% du Produit intérieur brut (PIB) après avoir été de 4,4% cette année. Le gouvernement table sur une réduction à 3,8%, en 2016 puis 2,8% en 2017. Année où il reviendra en dessous de la limite fixée par Bruxelles, deux ans après la date prévue. Le ministre des finances Michel Sapin a plaidé pour son budget en arguant que la France « tient impeccablement ses dépenses et a « pris ses responsabilités ». Il a ensuite imputé les délais pris pour rétablir un déficit en dessous de la barre des 3% à une conjoncture économique défavorable et a demandé à Bruxelles de soutenir l’activité.
Le gouvernement a aussi prévenu que son déficit structurel auquel Bruxelles est aussi attentive, ne se rapprocherait de l’équilibre en 2019 et non en 2017 comme initialement escompté. Ainsi, la dette publique qui s’élève à plus de 2000 milliards d’euros, devrait culminer en 2016 à 98% du PIB avant d’entamer un repli. D’ailleurs pour lutter contre l’endettement, Paris a prévu de céder « au moins 4 milliards d’euros » d’actifs en 2015 qui seront consacrés au désendettement.
Croissance à 1% et 21 milliards d’économies
Et coté croissance, le gouvernement se base sur une prévision de 1% en 20015 et prévoit une accélération progressive à 1,9% en 2017 assorti d’un redémarrage de l’inflation après un taux de 0,9% hors tabac, l’an prochain. A ce propos d’ailleurs, le Haut conseil des finances publiques, organisme indépendant a qualifié le chiffre de 1% d’ « optimiste » alors que le porte-parole du gouvernement, Stéphane le Fol, a jugé lui, les hypothèses économiques « d’une extrême prudence ». Le gouvernement en a profité aussi pour confirmer les 21 milliards d’économies cette année, assorties d’un planning de 50 milliards d’économies sur 3 ans. Michel Sapin a d’ailleurs commenté à cet égard que « La France n'a jamais fait un effort de cette ampleur ».
Des efforts seront ainsi demandés à l’Etat, aux collectivités locales et à la Sécurité sociale. Après l’annonce lundi, de 9,6 milliards d’économies sur la protection sociale aux dépens surtout de la politique familiale, les collectivités territoriales verront les dotations de l'Etat réduites de 3,7 milliards d'euros. En plus, une baisse des dépenses de l’Etat de 1,8 milliards d’euros est également prévue mais l’effort total est estimé à 7,7 milliards. Le poids des dépenses publiques dans le PIB devrait ainsi passer de 56,5% cette année à 56,1% en 2015.
Pas d’efforts supplémentaires demandés aux Français
Les réactions n’ont pas tardées à arriver et la CGT a estimé que ces « coupes budgétaires » auront des conséquences « graves » en matière d’emploi, d’investissement et de santé et a fustigé « un budget d’austérité ». Le gouvernement s’est empressé de récuser ce jugement en faisant valoir qu’ « il ne sera pas demandé d’efforts supplémentaires aux Français ». Ainsi afin de caresser une opinion déjà bien affaiblie, le gouvernement ne renoncera pas aux mesures promises aux ménages comme la réforme sur l’impôt sur le revenu qui doit bénéficier à 9 millions de contribuables pour un montant de 3,2 milliards d’euros. En parallèle, les dispositifs de soutien aux entreprises que ce soit le CICE ou le Pacte de responsabilité vont poursuivre leur montée en puissance.
Les hausses ne sont pourtant pas exemptes de ce budget et la taxe sur le diesel sera augmentée de deux centimes par litre, pour compenser le manque à gagner lié à l'abandon de l'écotaxe, et la redevance audiovisuelle progressera de 3 euros en métropole et d'un euro en outre-mer, la portant à respectivement 136 et 86 euros. Au total, le taux de prélèvements obligatoires en France ne devrait que peu évoluer, passant de 44,7% du PIB cette année à 44,6% l'an prochain.
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
La règle d’or budgétaire, la limite fixée par Bruxelles (RTL)
La dette publique qui s’élève à plus de 2000 milliards d’euros (Les Echos)
Le Haut conseil des finances publiques conteste les prévisions de croissance du gouvernement (Le Monde)
21 milliards d’économies (Les Echos)
Réforme sur l’impôt sur le revenu (Le Point)