Lors de la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale de mardi, le ministre délégué au Budget a alerté les médias sur les fichiers « Offshore Leaks ». « Je veux demander à la presse, qui dit détenir des éléments et des fichiers, de bien vouloir les communiquer à la justice de manière à ce que celle-ci puisse faire son travail », a déclaré Bernard Cazeneuve.
Cette demande concerne 2,5 millions de documents relatifs à des comptes offshore que s’est procuré le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Des documents qui ont été mis à disposition de certains médias internationaux, dans le but de révéler le poids réel des paradis fiscaux dans l’économie mondiale. En France, seul Le Monde a pu consulter ces dossiers.
Le quotidien a annoncé dans son éditorial publié mercredi (daté du jeudi 11 avril) qu’il ne « livrera pas les fichiers » demandés par Bernard Cazeneuve. Citant « la protection des sources », « la protection de la mission d’information », le journal rappelle qu’il « ne doit en aucune cas confondre son rôle avec celui du policier ou du justicier ».
Toujours selon le quotidien français, ce sont 36 médias qui seraient en possession de ces documents, transmis à l’ICIJ par d’anciens salariés de deux entreprises de services de financiers offshore : Portcullis Trustnet et Commonwealth Trust Limited. Le journal affirme qu’ils contiennent les noms de 130 Français. Le Monde avait d’ailleurs dévoilé la semaine dernière que l’ancien trésorier de campagne de François Hollande, Jean-Jacques Augier, avait ouvert deux sociétés dans les îles Caïmans. Le journal a également annoncé qu’il publierait « une dizaine de noms de français significatifs ».
Dans le passé, des demandes similaires ont été faites à l’ICIJ, par « des agences gouvernementales d’Allemagne, de Grèce, de Corée du Sud, du Canada et des Etats-Unis », comme cite Le Monde. L’ICIJ a toujours refusé de transmettre ces documents. Récemment, le journal belge Le Soir a aussi décliné une requête semblable émanant du parquet de Bruxelles.
Violaine Badie