4,3 milliards d’euros : c’est la somme que consacre chaque année l’État au sport. Une somme conséquente à laquelle la Cour des comptes a décidé de s’intéresser. Une première. Les Sages de la rue Cambon ont ainsi rendu public jeudi un rapport de 230 pages sur l’efficacité (ou pas) des politiques publiques en la matière. Ils se sont concentrés « sur les deux grands objectifs définis par les pouvoirs publics » : « le sport pour tous » et « le sport de haut niveau ». Et les magistrats financiers ne sont pas tendres : les critiques pleuvent, les recommandations aussi.
Et cela commence dès le titre du rapport : « pour une réorientation de l’action de l’État ». Les Sages de la rue Cambon plaident ainsi pour « la nécessité de réformer le dispositif existant afin de mieux atteindre les objectifs fixés ». Aussi bien dans l’organisation que dans le financement. Car la politique actuelle menée date des années 60. Elle avait été mise en place par le général De Gaulle après le médiocre résultat des athlètes français aux Jeux olympiques d’été de Rome. Autant dire qu’il est plus que temps de la moderniser, estime l’institution. Qui ne manque toutefois pas de souligner le « contexte de grande tension pour les finances publiques ».
Dans la ligne de mire de la Cour des comptes : le Centre national du développement du sport. Les fonds du CNDS sont alloués au sport de masse, avec l’objectif notamment de réduire les inégalités dans l’accès au sport et de développer les équipements dans certaines zones. Sur le papier en tout cas. Car dans les faits, les Sages de la rue Cambon dénoncent la « critiquable participation du centre à la construction/rénovation des stades de l'Euro de football 2016 », soit au total 160 millions d’euros. Au détriment donc du « sport pour tous »…
Quant au sport de haut niveau, la Cour souligne le « rôle prédominant » de l’État. Et si les résultats sont « encourageants » - la France se classe au 5ème rang mondial des grandes nations sportives aux JO de Londres l’année dernière -, il n’en reste pas moins que des « fragilités » persistent, et plus particulièrement en ce qui concerne le sport féminin, le handisport et les sports collectifs. Et ce malgré les quelque 300 millions qui lui y sont consacrés annuellement. En cause : « une dispersion des moyens ».
Dans une interview accordée au journal Le Monde, la ministre des Sports juge ce rapport « juste ». Il « conforte la feuille de route qui a été enclenchée par le ministère ». Et Valérie Fourneyron « partage les 19 recommandations » des magistrats financiers.
Caroline Moisson