« Ils n'ont rien trouvé et ils ne trouveront rien ! », lance combattive Sylvie Andrieux, à quelques jours de sa comparution devant le tribunal correctionnel de Marseille pour détournement de fonds publics. Cette ex-vice-présidente de la région Provence-Alpes-Côte-D’azur, députée depuis 1997 est accusée de bien sombres délits : détournement de fonds publics – au détriment de la ville de Marseille – à destination d’associations présumées fictives. Le détournement présumé s’élève tout de même à 750 000 euros de subventions de la région. C’est Tracfin, la cellule anti-blanchiment du ministère de l’économie, qui avait signalé en 2007, des flux suspects entre juin 2005 et janvier 2007 sur les comptes d’associations et sociétés de BTP installées dans les quartiers Nord de Marseille.
Le PS est bien contrit par cette nouvelle – et sordide – histoire de malversations financières qui fait avec l’affaire Guérini, de bien vilaines tâches sur la probité des élus PS du sud de la France. La justice soupçonne en effet, Mme Andrieux d’avoir présenté au vote du conseil régional des demandes de subventions pour des associations fictives qui n’avaient d’autres objet social que celui de rétribuer les personnes l’ayant aidé à s’implanter et à se faire élire dans certains quartiers. Mais imperturbable la députée répète à l’envie qu’elle n’avait pas connaissance du caractère fictif de ces associations et elle retourne la responsabilité sur « des escrocs » qui auraient profité de défaillances de la Région. Son conseiller, Christophe Reille renchérit dans ce sens en affirmant que « Si le juge avait pu apporter la preuve que Sylvie Andrieux savait que les associations étaient fictives, il l'aurait mise en cause pour complicité d'escroquerie, mais il n'apporte pas de preuve qu'elle savait ».
Une vingtaine de personnes impliquées
Sylvie Andrieux ne comparaitra cependant pas toute seule sur les bancs du tribunal correctionnel mais une vingtaine de personnes lui tiendront compagnie parmi lesquels son ancien attaché parlementaire Roland Balalas qui a déjà au cours de l’instruction, « balancé » son ex-patronne en affirmant que ces subventions étaient accordées avec des « visées électoralistes ». Et déjà en 2010, l'ancien responsable du service chargé de la politique de la ville au conseil régional déclarait devant le juge que « Mme Andrieux a mis en place un dispositif pour s'occuper elle-même des crédits de la politique régionale de la ville, crédits qu'elle utilisait à son usage quasi-exclusif ». Mais Sylvie Andrieux se défend encore de ces accusations en se décrivant comme la députée des quartiers Nord. « Quand un habitant vient me voir pour une place en crèche ou un emploi, on dit que c'est du clientélisme, parce que ce sont des pauvres ! Quand ça se passe rue de Paradis (une rue élégante de Marseille, ndlr), on dit que c'est un service rendu ! », s’insurge-t-elle. Il n’empêche que la députée risque dix ans de prison et 150.000 euros d'amende.
Véronique Pierron