« Les retraités ne sont pas intouchables ». Marisol Touraine a donné le ton vendredi matin sur Europe 1. Pour comprendre cette phrase de la ministre des Affaires sociales et de la Santé, il faut remonter à jeudi lorsque la Cour des comptes a rendu public un rapport de 600 pages sur la situation de la Sécurité sociale. L’institution de la rue Cambon estime que, pour réduire le déficit public, « certains avantages fiscaux et les niches sociales dont bénéficient les retraités doivent être progressivement réformés ».
Sur la sellette donc, l’abattement de 10% sur les pensions en matière d’impôt sur le revenu, le taux réduit de CSG à 6,6%, l’exonération pour les retraités ayant eu plus de trois enfants ou encore l’exonération pour les particuliers employeurs. Des avantages qui représentent au total 12 milliards d’euros… de manque à gagner pour l’État. Pour justifier de telles mesures, le rapport explique que « la population retraitée s’avère aujourd’hui en moyenne, sous l’angle financier, dans une situation globale légèrement plus favorable que celle des actifs, notamment des plus jeunes. » En clair : tout le monde doit faire des efforts. Y compris les retraités.
Si la remise en cause des avantages des retraités ne date pas d’hier, aucun gouvernement n’a jamais passé le cap de la mise en pratique. Électoralement trop risqué… Pourtant, aujourd’hui, le gouvernement n’y semble donc plus totalement opposé. Sur certains points en tout cas. « Je crois que nous devons revoir la fiscalité dans son ensemble et c'est dans ce cadre-là que nous pouvons envisager une remise à plat de la contribution de chacun », a ainsi expliqué vendredi Marisol Touraine. Le même jour, sur BFM TV, Michel Sapin, le ministre du Travail, a précisé qu’ « on peut s’orienter vers quelque chose qui permette aux plus aisés des retraités d’avoir des cotisations de même niveau que les plus aisés des salariés. » Au nom de la « justice fiscale ». Mais le ministre de l’Économie et des Finances Pierre Moscovici l’a assuré dimanche sur RTL : « Les retraités n’ont rien à craindre de la gauche. »
Caroline Moisson