« Nous envisageons que dans un certain nombre d’entreprises publiques, où le taux de participation de l’Etat (en tant qu’actionnaire) est très important, nous puissions dégager une partie pour financer l’investissement, pas pour boucher les trous du budget », a déclaré Jean-Marc Ayrault dimanche soir sur le plateau du JT de TF1.
En y regardant de plus près, le processus est déjà engagé depuis quelques semaines.
L’Etat a cédé des actifs dans certaines entreprises où il détient un important capital. Des parts ont été vendues dans l’équipementier aéronautique Safran et dans le groupe d’aéronautique et de défense EADS.
Selon les chiffres avancés par le journal économique Les Echos, en vendant 3% des actifs de Safran, fin mars, Bercy a empoché près de 450 millions d’euros, destinés à renforcer la Banque publique d’investissement. L’Etat reste actionnaire de l’entreprise à hauteur de 27% mais pourrait se désengager encore davantage.
Pour EADS, aucun désengagement supplémentaire n’est prévu pour l’instant. L’Etat a vendu près de 3% de ses actions, pour ramener sa participation à 12%. Une vente qui lui a permis de récolter environ 1,2 milliard d’euros, qui doivent être affectés au budget de l’armée.
Parmi les autres entreprises qui pourraient être concernées, toujours selon Les Echos, EDF, GDF-Suez ou encore France Telecom. L’électricien est encore détenu à plus de 84% par l’Etat. Il serait facile de revendre une partie des actifs, sans modifier le contrôle de la stratégie de l’entreprise. Mais l’action EDF, même si elle marque de fortes hausses récemment, reste très en dessous de son niveau de 2007 (85,5 euros alors, 18 euros aujourd’hui). Peut-être pas le moment le plus judicieux pour vendre.
Même constat pour GDF-Suez, détenu à plus de 36% par l’Etat. La cotation en bourse de l’entreprise a été divisée par deux depuis 2008.
Du côté de France Télécom en revanche, le désengagement de l’Etat pourrait être plus fructueux. Il en possède encore 13,4% du capital. Même si l’action a fortement baissé aussi ces derniers temps, la revente de seulement 5% de ces parts pourrait rapporter plus d’un milliard d’euros à l’Etat, selon les estimations du journal économique.
Les autres entreprises potentiellement concernées par l’annonce de Jean-Marc Ayrault sont Renault, Air France, ADP (Aéroports de Paris) et DSCN (groupe naval de défense). Mauvais timing, faible rentabilité ou encore question stratégique, vendre des parts dans ces groupes serait moins intéressant, à l’heure actuelle, pour l’Etat français.
Violaine Badie
Pour en savoir plus :
Journal de 20h de TF1 du 5 mai 2013, invité : Jean-Marc Ayrault (TF1)
Cession d’actifs de l’Etat : quelles sont les entreprises concernées ? (par Anne Feitz, Guillaume de Calignon, Fabienne Schmitt et Ingrid Feuerstein, Les Echos)