En finir avec une ardoise vieille de 20 ans. Celle du Crédit Lyonnais. L’information a été révélée dimanche par le quotidien Le Parisien-Aujourd’hui en France, puis confirmée par le ministère du Budget. L’État va emprunter sur les marchés financiers les 4,5 milliards d’euros nécessaires pour solder la facture de l’établissement bancaire. Un remboursement anticipé d’un an. Car si le gouvernement a jusqu’au 31 décembre 2014 pour rembourser, il compte bien profiter des conditions d’emprunt favorables du moment. Un des articles de la loi de finances rectificative de 2013, qui doit être présentée mercredi en Conseil des ministres, « autorisera l’Agence France Trésor - le service de Bercy chargé de la dette - à emprunter 4,5 milliards d’euros sur les marchés financiers », explique le quotidien. Qui doit ensuite être validé par le Parlement.
Cette décision ne change « ni le déficit de l'État ni la dette publique », a expliqué Bernard Cazeneuve sur RTL. « Ce n'est pas un événement. Ce n'est pas quelque chose qui arrive et que nous n'avions pas envisagé. Il fallait reprendre cette dette qui était porté pendant des années par l'EPFR (Etablissement public de financement et de restructuration). Nous avons la possibilité de le faire maintenant sans que cela ne change le déficit de l'État ni la dette publique et nous le faisons dans des conditions qui sont financièrement optimales donc il n'y avait pas de raison de différer cette décision », a commenté le ministre délégué au Budget. « Nous avons actuellement des conditions de crédit, de financement exceptionnelles, il faut mettre ça derrière nous », a confirmé pour sa part Pierre Moscovici sur France 5. « Quand je m'occupe du Crédit Lyonnais, je pense avant tout aux contribuables et je le fais avec ce remboursement », a ajouté le ministre de l’Économie.
Près de 15 milliards d’euros. C’est ce qu’aura coûté au total le sauvetage de l’ancienne banque publique. « Cela représente une facture moyenne de 223 euros par Français ou de 812 euros par contribuable imposé », a calculé Le Parisien-Aujourd’hui en France. Il y a 20 ans, éclatait l’affaire du Crédit Lyonnais. Dans les années 80 et 90, la banque a multiplié les investissements à risques. Conduisant le Crédit Lyonnais jusqu’à sa quasi-faillite en 1993. Accusant près de 20 milliards d’euros de pertes.
Mais si le volet financier semble être sur le point de se refermer, il reste encore le volet judiciaire. Et plus particulièrement l’arbitrage controversé qui a permis à Bernard Tapie de toucher 403 millions d’euros pour régler le litige qui opposait l’homme d’affaires au Crédit Lyonnais sur la vente d’Adidas. « Quand l'Etat prétend que c'est la clôture de l'ardoise, je ne suis pas sûr que ce soit le cas », a réagi Bernard Tapie. Il souhaite que « soit au Sénat, soit à l'Assemblée nationale, il y ait une commission d'enquête qui s'attache à faire la lumière sur les plus grands scandales du Crédit Lyonnais ».
Caroline Moisson
Pour en savoir plus :
Crédit lyonnais : l’Etat va emprunter 4,5 milliards pour solder la facture (par Boris Cassel, Le Parisien-Aujourd’hui en France)
Crédit Lyonnais : pour Bernard Cazeneuve, l'emprunt de 4,5 milliards "était prévu" (RTL)
Biographie de Bernard Cazeneuve, ministre délégué au Budget (AllGov France)
Biographie de Pierre Moscovici, ministre de l’Économie (AllGov France)