Raymond Avrillier est un militant, un vrai. Avec des convictions. Il a ainsi pu obtenir après un recours en justice, l'intégralité des factures d'études et des sondages - plus de 300 au total - commandés par l'Elysée durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Sur les 300 sondages et études commandés durant le quinquennat, 66 l'ont été entre janvier 2010 et le 30 avril 2012. Ces 66 sondages ont été facturés 3,04 millions d'euros à l'Elysée, et viennent s'ajouter aux 264 sondages commandés entre 2007 et 2009 pour un montant de 6,35 millions d'euros, Certains sondages ont même une fréquence hebdomadaire. Le militant écologiste, également maire adjoint honoraire de Grenoble, avait rendu ces documents publics en avril et porté plainte dans la foulée. Dorénavant, l’enquête sur les sondages de l’Elysée s’étend à toute la présidence Sarkozy.
Une affaire « méandreuse »
A l'origine de l'affaire, une première plainte d'Anticor pour favoritisme déposée en 2010. Elle visait une convention commerciale signée en 2007 par l'ex-directrice de cabinet de M. Sarkozy, Emmanuelle Mignon, avec la société de conseil Publifact de Patrick Buisson, ancien conseiller de l'ex-président. Le parquet a ouvert en novembre une enquête préliminaire sur la base de cette seconde plainte. C’est celle ci que le ministère public vient de clore en confiant au juge d’instruction Serge Touraine l’enquête pour favoritisme mais aussi pour détournement de fonds publics, complicité et recel. Ces marchés ont été conclus entre mai 2007 et mai 2012 entre l'Elysée et les sociétés Publifact, PubliOpinion, Giacometti-Peron, Ipsos, Ifop, OpinionWay, Sociovision, TNS Sofrès et CSA. Dans sa plainte, Anticor avait chiffré à 9,3 millions d'euros le montant total des factures payées en cinq ans par l'Elysée pour ses sondages. Aujourd’hui, se pose la question de l’immunité de l’ancien président de la République qui décidemment n’est pas en odeur de sainteté dans les couloirs des palais de justice. Pour l’avocat d’Anticor, Me Jérôme Karsenti, si le président de la République « a agi pour des raisons personnelles, ou en tant que chef officieux de l'UMP, Nicolas Sarkozy n'agissait plus dans l'exercice de ses fonctions ».
Véronique Pierron