Rapports, études et livres blancs sont en passe de devenir les nouveaux parangons de la décision gouvernementale. Le ministère de la Défense n’y coupe pas. Il attend en effet, les conclusions du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, qui devraient être délivrées début 2013, avant de déployer les objectifs de la nouvelle loi de programmation militaire. Raison pour laquelle, le budget de la défense pour 2013 a été qualifié de « Budget de transition » par le ministère. Avec un soulagement manifeste, Daniel Reiner, sénateur socialiste de Meurthe-et-Moselle et membre de la Commission chargée de l'élaboration du livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, a indiqué que « Le budget du ministère de la défense est au même niveau que celui de 2012, c’est une nouvelle rassurante ».
Fixé à 31,4 milliards d'euros, dont 1,2 milliard de recettes exceptionnelles, le budget des armées est, en effet, hors pensions, équivalent à celui de 2012. Passant en revu les besoins, le sénateur commente : « Un effort sensible a été fait sur la recherche et développement et sur l’entretien du matériel militaire, près de 5,5 milliards d'euros de commandes prévues en 2012 et 2013 ont été repoussés » avant de conclure assez satisfait : « Nous aurons un retard de 3 milliards d’euros fin 2012 et de 7 milliards d’euros fin 2014 (…) compte tenu des contraintes budgétaires que nous avons anticipées, c’est convenable ».
Prochains budgets « plus saignants » ?
Satisfaction qui risque d’être de courte durée si l’on en croit les craintes de Jacques Gauthier, sénateur UMP des Hauts-de-Seine et Vice-président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Il table que les prochains budgets seront « plus difficiles », voire « plus saignants », ajoute-t-il résolument trash. « Aura-t-on toujours dans les prochaines années une armée digne d’une grande puissance, membre du Conseil de sécurité? ». Car la crainte manifeste de tous ces messieurs, sénateurs de leur état, est d’assister impuissants à une certaine obsolescence de la grandeur de l’armée française en devenant le parent pauvre du budget de l’Etat.
Et les chiffres viennent certifier cette rigueur dans l’armée. Avec la suppression de 7234 postes, une diminution des dépenses de fonctionnement de 7%, entre 2012 et 2013, et une baisse des dépenses d’équipement, comprenant un décalage de commandes initialement, prévues en 2012 et 2013, à hauteur de 5,5 Md€, le ministère de la défense n’échappe pas à la rigueur budgétaire. Et sur l’Autel des sacrifiée, c’est l’armée de terre qui fait office de victime dans le projet de loi finance 2013 avec le report du programme de modernisation Scorpion.
« La paix est entre deux périodes de guerre »…
Des perspectives allant dans le sens de celles demandées en juillet dernier par le premier Président de la Cour des comptes, Didier Migaud qui avait lui, proposé des économies de l’ordre de un milliard d’euros devant « être mises en œuvre sans attendre». Cette diète budgétaire imposée aux armées n’est pas un phénomène français, il est récurrent chez tous nos voisins européens. N’est ce pas là, une des issues inéluctables de la démocratie et de l’intégration européenne ? Issue qui n’empêchera pas les vieux dinosaures combattants de s’alarmer catastrophistes à l’instar de Henri Pinard-Legry, président de l’Association de soutien à l’armée française (ASAF), qui s’effraie tout seul : « La paix est entre deux périodes de guerre et la guerre entre deux périodes de paix, ce n’est pas un période définitive ».
Véronique Pierron