Le 21 mars dernier, un pas hautement symbolique était franchi dans l’affaire Bettencourt. Nicolas Sarkozy était mis en examen, soupçonné d’ « abus de faiblesse » à l’encontre de Liliane Bettencourt, femme la plus fortunée de France et héritière du groupe l’Oréal. Selon les éléments de l’enquête parvenus à la connaissance des juges, l’ancien Président aurait rendu plusieurs fois visite au couple Bettencourt durant l’année 2007. Des visites, dans l’optique d’obtenir un soutien financier pour la campagne présidentielle.
A l’annonce de cette décision, les juges, Jean-Michel Gentil particulièrement, ont essuyé les critiques virulentes de l’entourage du concerné, certains allant jusqu’à mettre en doute son indépendance. Brice Hortefeux a parlé d’un traitement "exclusivement à charge", Nadine Morano d’un jugement "grotesque et abject" et encore François Fillon d’une décision "Injuste et extravagante". Les langues se sont déliées mais c’est bien Henri Guaino, l’ancien conseiller de M. Sarkozy qui s’est le plus emporté, condamnant une décision "irresponsable" qui a "déshonoré un homme, les institutions, la justice" et qui constitue une "salissure" pour "la France et la République elle-même".
Face à ces attaques, c’est surtout Me gentil qui en a pris pour son grade. Or la décision ne dépend d’un homme seul, mais bien d’un collège de trois magistrats instructeurs cosaisis, comme le souligne Le Monde. Par la voix de son président, l’USM (Union Syndicale des Magistrats) s’est offusquée de ces attaques : "Jeter le discrédit comme ça sur une décision de justice, c'est juste illégal, a en effet réagi Christophe Régnard. Le juge Gentil a saisi à son tour son avocat et décidé d'étudier "une plainte pénale contre M. Guaino, suite aux propos qui ont été tenus hier matin sur Europe 1, (...) tout à fait inadmissibles. » « M. Guaino sera cité devant le tribunal correctionnel pour répondre des infractions qui lui sont reprochées", a encore déclaré Me Rémi Barousse.
Mathilde Leleu