Affaire Karachi et Nicolas Sarkozy : Quelques clés pour comprendre

dimanche 13 janvier 2013

Sale temps pour Nicolas Sarkozy. Depuis le 9 janvier, une menace sérieuse de mise en examen pèse à nouveau sur la tête de  l’ancien chef de l’Etat. Et comme « un jour sans fin », c’est l’affaire Karachi qui rattrape à l’envie M. Sarkozy avec cette fois, une enquête judiciaire ouverte en marge de ce dossier. Un rebondissement tout neuf dû à la sérendipité des juges – ou à l’affaire Karachi elle-même ? - Sylvia Zimmermann, Sabine Kheris et Camille Palluel. Tels trois mousquetaires au féminin, elles instruisent en toute discrétion depuis le mois de novembre 2012,  une plainte déposée contre l’ex chef de l’Etat par l’avocat de plusieurs familles de victimes, Me Olivier Morice, pour « violation du secret de l’enquête et de l’instruction », et « violation du secret professionnel ».

 

A l’origine de cette plainte ? Un simple communiqué pas aussi innocent qu’il n’y parait, diffusé par la présidence le 22 septembre 2011. Feu aux poudres garanti alors que la presse susurrait de vilaines implications de Sarko dans le volet financier de l’affaire Karachi. « S'agissant de l'affaire dite de Karachi, tranchait le communiqué, le nom du chef de l'Etat n'apparaît dans aucun des éléments du dossier. Il n'a été cité par aucun témoin ou acteur de ce dossier (...). Cela apparaît dans les pièces de la procédure ». Le couac. Car ce communiqué avait été diffusé peu de temps après les mises en examens successives de deux proches du chef de l’Etat, Thierry Gaubert et Nicolas Bazire. Or, le communiqué violerait le principe d'indépendance de la justice dont le chef de l'Etat est institutionnellement le garant, l'Elysée n'étant pas censé avoir connaissance de pièces directement issues d'une procédure gérée, à Paris, par les juges d'instruction du pôle financier Roger Le Loire et Renaud Van Ruymbeke.

 

«  L'irresponsabilité du chef de l'Etat ne pourra être retenue »

 

Une première plainte des familles avait été classée sans suite en janvier 2012 par le parquet de Paris au motif de l'inviolabilité du président qui ne peut être poursuivi pendant son mandat. Récidivistes et têtues, les familles avaient déposé une autre plainte le 18 juin en accord avec le délai prévu par la constitution, un mois après que l’ancien président eut quitté ses fonctions. Nouvelle plainte qui visait aussi l'ancien conseiller presse de l'ex-chef de l'Etat Franck Louvrier, ainsi que l'ancien ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, pour « violation du secret professionnel, recel et complicité » et « entrave au déroulement des investigations ».

Cette fois, il semble bien que les petites voix des familles de victimes des attentats de Karachi aient été entendues puisque les trois juges se sont prononcées contre les réquisitions du parquet, qui estimait qu'il n'était pas possible de poursuivre M. Sarkozy, en vertu de l'article 67 de la Constitution stipulant que le président « n'est pas responsable des actes accomplis en cette qualité ». Sylvia Zimmermann, Sabine Kheris et Camille Palluel estiment au contraire dans cet extrait d’ordonnance divulguée par l’AFP : « A le supposer établi, le fait de permettre la divulgation d'informations issues d'une instruction en cours n'entre pas dans les fonctions du président de la République telles qu'il les tient de la Constitution ». Dès lors « l'irresponsabilité du chef de l'Etat ne pourra être retenue en l'espèce » et donc « il y a lieu d'informer sur les faits visant M. Nicolas Sarkozy », ajoutent les juges. L’affaire Karachi serait-elle le chemin de Croix de Nicolas ?

Véronique Pierron

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