C’est une enquête à charge qu’a publiée le Figaro le 19 février dernier. Le journal dévoilait des chiffres alarmistes sur les cambriolages et la délinquance en général à Paris, laissant entendre à demi-mot que rien n’était réjouissant dans le (jeune) bilan de la ministre de la Justice ainsi que de son homologue de l’Intérieur. L’article révélait que « les cambriolages à Paris intra-muros sont passés de 703 faits enregistrés dans les commissariats en janvier 2012 à 1117 faits en janvier 2013, soit une hausse historique de 58,89% ». Des chiffres, repris par l’opposition, qui y voit les conséquences d’un « effet Taubira ». Le même article reprend en effet les mots de Bruno Beschizza, secrétaire national de l'UMP chargé de ces questions, qui dénonce "la responsabilité de la politique Taubira, qui a créé un véritable sentiment d'impunité chez les voyous".
Pourtant, un récent article du Monde vient nuancer ces propos. Outre l’ambigüité de telles statistiques, Jonathan Parienté, journaliste au Monde, rapporte que « la préfecture se réjouit... de la baisse des cambriolages dans la capitale ». Et de reprendre un communiqué de la police parisienne visant à commenter "l'évolution de la délinquance" : "Il convient de noter les évolutions favorables, [comme] la diminution significative des cambriolages dans la capitale (- 4,4 % soit – 549 faits) et la hausse de ces faits divisée par deux dans l'agglomération en 2012 (+ 3,1 % contre 7,4 % en 2011), qui traduisent les effets du plan anti-cambriolages mis en œuvre fin 2011."
Le Monde poursuit en révélant que le Préfet de Police de Paris est lui-même intervenu pour prévenir des maladresses que peuvent générer des comparaisons hâtives de tels chiffres. « Sur le plan de la méthode, il rappelle que l'Observatoire national de la délinquance et de la réponse pénale (ONDRP) met régulièrement en garde contre la très faible pertinence des comparaisons mensuelles. » aurait-il précisé. A ce propos, Manuel Valls avait plusieurs fois répété sa volonté de réformer "l'appareil statistique pour le rendre totalement transparent." A la mi-janvier, le ministre de l’Intérieur avait tenu à présenter les chiffres de l’ONDRP tout en fustigeant une nouvelle fois « la survalorisation politique du chiffre » tout en regrettant « les faibles précautions pour le fiabiliser ».
Mathilde Leleu