Après le démantèlement de campements de Roms, notamment aux abords de Lille, et les « incitations aux retour » début août, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls s’était attiré les foudres de nombre de politiques et d’associations. La Commission européenne elle-même, a mis à nouveau l’État français sous surveillance pour s’assurer du respect des garanties contre les expulsions arbitraires et les traitements discriminatoires envers ces citoyens européens. Mais à l’heure de la rentrée du gouvernement, le Parti socialiste tente de dégonfler la polémique en mettant l’accent sur la recherche de solutions.
Si Martine Aubry reste critique sur la méthode et « regrette » « l’évacuation sans solution », elle soutient sur le fond celui qui entend « faire mieux que la droite », arguant de « l’urgence » de la situation et insistant sur son travail conjoint avec le préfet de recherche de solutions de relogement. Elle espère « marcher main dans la main (…) avec l’État » qui « est propriétaire de terrains un peu partout ». Évoquant un « petit désarroi » sur la question des Roms, le porte-parole du PS, David Assouline, insiste : « Des solutions alternatives vont être décidées dans les heures, dans les jours qui viennent ». Elles seront en effet au programme d’une réunion interministérielle organisée autour de Jean-Marc Ayrault ce mercredi 22 août.
Selon le ministre de l’Intérieur, si « la vraie solution » consiste en un changement des politiques discriminatoires des « pays d’origine » de ces populations, la question de la levée des dispositions transitoires de restriction d’accès au marché de l’emploi, demande récurrente des associations tel que le Collectif Romeurope, doit être explorée. Il s’agit de restrictions qui peuvent être appliquées à la libre circulation des travailleurs issus d’États ayant adhéré récemment à l’Union européenne durant une période maximale de sept ans. Elles ne concernent aujourd’hui que les ressortissants Bulgares et Roumains – qui composent la majorité des 15 à 20 000 Roms étrangers établis en France - dans huit pays de l’UE et ce jusqu’au 31 décembre 2013. En France, elle se caractérise par l’obligation d’obtention d’un titre de séjour et d’un permis de travail en cas d’emploi salarié. L’employeur doit fournir la preuve de sa recherche infructueuse de candidat sur le marché du travail en France, sauf pour l’un des 150 métiers pour lesquels le critère de la situation de l’emploi est écarté, et doit s’acquitter d’une taxe à l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) qui, pour un contrat de plus de 12 mois, s’élève au minimum à 713 euros.
Anne-Laure Chanteloup