«Nous devons la vérité aux martyrs juifs du Vélodrome d'Hiver. La vérité c'est que la police française s'est chargée d'arrêter des milliers de juifs [...], la gendarmerie française les a escortés. La vérité elle est dure, elle est cruelle, pas un soldat allemand, pas un seul, ne fut mobilisé» François Hollande, en affirmant dans son discours du 22 juillet sur la rafle du Vel d’Hiv, que celle-ci était un crime commis il y a 70 ans, "en France par la France" , s’est attiré les foudres d’une partie de la classe politique, Henri Guaino en tête. L’ancienne plume de Nicolas Sarkozy désormais député des Yvelines s’est dit « scandalisé » dans une interview accordée à BFM TV le 23 juillet dernier. « Ma France n'était pas à Vichy, elle était à Londres depuis le 18 juin » s’est insurgé M. Guaino avant d’ajouter : "Alors peut-être que nous n'avons pas la même France, peut-être que nous ne nous référons pas à la même France, nous n'aimons pas la même France."
Une réaction surprenante alors que le président de la République avait jugé bon de préciser : Ce crime «fut aussi un crime contre la France, une trahison de ses valeurs. Ces mêmes valeurs que la Résistance, la France libre, les Justes surent incarner dans l'honneur».
Insinuations
Au cours de la même interview, Henri Guaino est allé jusqu’à émettre des suppositions sur le compte de l’actuel président : « Peut-être que M. Hollande se sent plus proche de la France des notables apeurés qui se sont précipités à Vichy après l'armistice? Ce n'est pas ma France. »
Henri Guaino a également ironisé, suggérant que le président tire les conséquences de ses déclarations en supprimant la commémoration du 18 juin, symbole de la France résistante.
La polémique continue
D’autres réactions ont suivi, notamment celle de Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), qui a tenu à rectifier les propos du président de la République : «Dans son discours du 22 juillet, [François Hollande] a malheureusement omis de dire que les crimes commis par les policiers et les gendarmes français, lors de la rafle du Vél' d'Hiv, l'ont été sur l'ordre de l'État français de Vichy collaborant avec l'Allemagne nazie».
L’ancien ministre de l’agriculture Bruno Le Maire a pour sa part estimé sur France Inter que M. Hollande a commis « une vraie maladresse » en confondant « l’Etat français et la France » rapporte Le Monde.
Le vice-président du Front national, Florian Philippot évoque, lui, un « concours de repentance généralisé ».
Hollande dans les pas de Chirac
Avant François Hollande, Jacques Chirac avait été le premier président de la République à reconnaitre le crime de l’Etat français en 1995.
Une position louée par ancien ministre de la justice Robert Badinter à l’époque.
Dans son discours du Vel’ d’Hiv’, François Hollande a assuré que l’histoire de la Shoah serait enseignée dans tous les établissements scolaires, soulignant l’importance de la mémoire. Enfin, après avoir rappelé la tuerie de Toulouse le président a promis qu'il lutterait «avec la plus grande détermination» contre l'antisémitisme.
Susie Bourquin