Orange, ex-France Télécom, détient un bien triste record : celui du nombre de salariés suicidés. On se souvient de la vague de suicides qui avait frappé France Télécom, soit 35 suicides entre 2008 et 2009. Didier Lombard, le PDG de France Télécom de 2005 à 2010, avait d’ailleurs été mis en examen pour harcèlement moral en 2012, par le juge d'instruction parisien Pascal Gand. Il semblerait qu’aujourd’hui malgré un changement de direction et un contrat social signé avec les partenaires sociaux, l’entreprise de télécom récidive dans le harcèlement moral de ses salariés. Depuis le début de l’année, 10 salariés d’Orange se sont ainsi donné la mort soit presqu’autant qu’au cours de toute l’année 2013. L’observatoire du stress et des mobilités forcées, organisme créé par les syndicats de France Télécom (CFE-CGC et SUD) peu avant la vague de suicides de 2008-2009, y voit un motif de « grave alerte ». L’observatoire explique que la majorité de ces suicides « ont une relation explicite au travail ». A cela Médiapart précise que trois femmes et sept hommes se seraient donnés la mort entre le 4 janvier et le 6 mars. La dernière victime avait 25 ans. Alors que pour l’année 2013, 11 suicides avaient été recensés au sein de l’entreprise. L’observatoire parle d’accélération « tout à fait étonnante ».
Des suicides liés aux manifestions structurelles de la crise
L’organisme précise aussi que la nouvelle direction avait apaisé le climat social grâce au contrat social lancé en septembre 2010 qui prévoyait 10 000 recrutements alors que l’ancienne direction de l'entreprise avait supprimé 22 000 postes entre 2006 et 2008 et procédé à 10 000 changements de métier. Toutefois, l’observatoire précise : « on retrouve dans l'entreprise d'aujourd'hui les facteurs structurels de la crise 2007-2009, dont l'une des manifestations, la plus grave, est la remontée rapide des suicides ». La direction d’Orange n’a d’ailleurs pas nié avoir connu « depuis le début de l'année plusieurs suicides » mais s’est empressée d’ajouter : « Chacun de ces actes est par nature singulier et renvoie à des contextes différents. Néanmoins, ces situations nous rappellent à la vigilance et au devoir d'interroger sans relâche l'efficacité des nombreux dispositifs de prévention mis en place depuis plusieurs années ».
C’est au comité national d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CNSHSCT) que le médiateur du groupe, Jean-François Colin, rencontrera vendredi les représentants du personnel « pour échanger avec eux sur les dispositifs de prévention des conduites à risques », ce qui « permettra le cas échéant de renforcer ou compléter ces dispositifs ».
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Didier Lombard, le PDG de France Télécom de 2005 à 2010 (Le Point)
Le Contrat social (L'Expansion)
Comité national d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (Legifrance)