Lundi, alors que le cortège présidentiel remontait les Champs Elysées sous un pâle soleil de novembre, des sifflets et des invectives scandés par la foule ont accompagné l’arrivée du Président de la République. Des manifestants ont tenté de se faufiler entre les barrières de sécurité et de remonter la grande avenue en scandant « Hollande démission », « Dictature socialiste », ou encore « Hollande, ta loi on n'en veut pas », slogan entendu lors des manifestations des opposants au mariage homosexuel. Des tentatives qui se sont soldées par des heurts qui ont éclaté entre les forces de l'ordre et des manifestants. « Aujourd'hui sur les Champs-Elysées, quelques dizaines d'individus liés à l'extrême-droite, au Printemps français, au Renouveau français n'ont pas voulu respecter ce moment de recueillement et de rassemblement », s’est insurgé à la presse le ministre de l’intérieur Manuel Valls en faisant état de la présence de personnalités du Front national sur les Champs-Elysées. Il a poursuivi sur le même ton révolté : « Ces événements sont inacceptables, insupportables, on ne peut pas ainsi mettre en cause la mémoire de ceux qui sont morts pour la France, on ne peut pas utiliser un rassemblement de ce type pour s'attaquer aux valeurs de la République et de notre pays ». De plus, si parmi les manifestants se trouvaient quelques personnes arborant des « Bonnets rouges », Christian Troadec un des porte-parole du mouvement breton qui manifeste depuis plusieurs semaines contre l'écotaxe, a condamné la manifestation parisienne et a assuré que ces personnes n'avaient rien à voir avec son mouvement.
Nouveaux sifflets à Oyonnax
Après cette déplaisante cérémonie, le Chef de l’Etat sur les Champs Elysées s’est rendu dans l’Ain à Oyonnax pour poursuivre la célébration de l'armistice de 1918, où il a essuyé à nouveau, les sifflets mécontents de la foule. Pourtant, plusieurs voix dans la classe politique française se sont élevées pour dénoncer un mouvement de protestation hors de propos comme ce fut le cas sur i>TELE pour l'ancien ministre de la Défense et président du Nouveau Centre Hervé Morin. « La colère des Français est immense (...) mais le moment ne s'y prête pas, c'est un moment de solennité, de recueil, de souvenir, a précisé Hervé Morin. Ce moment qui est un devoir de mémoire c'est un message d'unité, c'est un vivre ensemble, un passé commun, c'est une volonté de partager ce qui a constitué l'unité du pays ». Même posture à l’UMP où Dominique Paillé a jugé « regrettable » les huées visant le chef de l'Etat et Valérie Pécresse a dénoncé des critiques « franchement déplacées ». Quant au président du groupe EELV au Sénat, Jean-Vincent Placé, il s’en est pris sur son compte Twitter aux « nervis de l'extrême-droite qui conspuent le chef de l'État en ce jour de mémoire et de recueillement pour nos morts et pour la paix ».
Véronique Pierron
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