Il s’agit bel et bien de la première « affaire » de la présidence Hollande. En ligne de mire, le site d’investigation de Mediapart accuse Jérôme Cahuzac d’avoir dissimulé pendant près de 20 ans un compte bancaire en Suisse. Selon les journalistes, ce compte aurait été ouvert au début des années 1990 à l’Union des Banques Suisses (UBS), avant d’être refermé à Genève en 2010. En réponse, le Ministre délégué au Budget a saisi la Justice et déposé une plainte pour diffamation contre le journal en ligne. Vendredi 7 décembre, c’est donc le Parquet de Paris qui devra acter ou non du bien fondé des accusations portées à son encontre depuis plusieurs jours.
Le site dit pourtant s’appuyer sur de nombreux « témoignages concordants » parmi lesquels un enregistrement de l’élu et l’aveu de l’un de ses proches sur l’existence du compte. Mediapart évoque également l’analyse de Rémy Garnier, un ancien contrôleur du fisc. Se confiant au Parisien, ce dernier rappelle avoir débusqué dans son rapport de 2008 « des anomalies apparentes et chiffrées » des comptes de M. Cahuzac. Le journal affirme donc avoir de nombreux éléments qui justifient la confiance de ses dirigeants dans cette nouvelle enquête judiciaire. Dans son communiqué du 10 décembre, Edwy Plenel rappelle l’existence formelle de preuves sans lesquelles ils n’auraient « jamais publié cette information dont l’intérêt public est évident, tant l’évasion et la fraude fiscales sont au cœur de la question de l’égalité devant la loi. » Il appartient désormais au Tribunal correctionnel de donner suite ou non à « l’affaire Cahuzac ».
Mathilde Leleu